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Horace est pourtant d’une autre caste, il n’est policé qu’à la surface. Il commet donc une série de bévues et de fautes impardonnables ; il les commet toujours à cause de sa vanité irréfrénée, de son incapacité à oublier sa chère personne pour autrui, et il compromet la vicomtesse. Il en est outrageusement puni par elle (la comtesse d’Agoult railla jadis de même le pauvre Pelletan) ; il est à jamais banni de ce clan mondain, et la vicomtesse se venge en l’empêchant d’épouser une riche héritière ou une veuve non moins riche et de satisfaire par là sa passion de briller.

Lors de son flirt avec la vicomtesse, et toujours poussé par son désir vaniteux de parvenir n’importe comment, Horace avait débuté dans la carrière littéraire en écrivant un roman sur ses amours avec Marthe et sur son prétendu suicide. Le roman eut du succès. Mais quand, après la débâcle de toutes ses vaniteuses espérances, Horace reprend la plume, il échoue complètement ; il manque de sincérité et d’idées générales auxquelles il se serait dévoué et qui, en l’enthousiasmant, eussent enthousiasmé ses lecteurs. Le roman ne vaut rien, sa carrière littéraire semble à jamais finie. Il n’a plus d’argent, tout est perdu au jeu, vendu, engagé. Sa position est désespéré. Il se décide alors à dompter sa fierté et à reparaître sous un prétexte plausible chez Eugénie et Théophile qu’il avait si ingratement quittés à cause de son amour-propre et de sa superbe.

C’est à ce moment qu’il rencontre de nouveau Marthe et Paul Arsène. Horace arrive chez Théophile juste le jour où on y apporte son enfant ; il apprend le rôle honteux et égoïste qu’il a joué et la magnanimité de Paul Arsène. L’amour-propre d’Horace ne lui permet point cependant de se reconnaître vaincu, il préfère exprimer sur le compte de Marthe les suppositions les plus outrageantes, plutôt que de reconnaître l’indignité de sa propre conduite.

Alors recommence l’éternelle histoire : à peine a-t-il vu Marthe sur le théâtre dans tout l’éclat de ses succès et de sa beauté épanouie, qu’il s’imagine en être encore amoureux ; il se met à la courtiser de nouveau et n’admet pas que Marthe puisse ne plus l’aimer — lui ! Il se remet donc à « divaguer », à se