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suivant tout doucement « sa ligne » (qui est la révolution), en conspirant, et même en s’approvisionnant d’armes pour l’insurrection. Horace tombe chez lui au moment où il passe en revue son magasin d’armes, — ce qui sert de prétexte plausible à Horace pour se répandre en sympathies républicaines. Laravinière qui adore secrètement Marthe et qui, vivant dans sa maison, fut témoin de toutes ses souffrances, déteste Horace, mais, naïf, il croit à toute parole ardente et, sans hésiter, il inscrit Horace au nombre de ses futurs compagnons d’armes. Cependant dès que l’odeur de la poudre se fait vraiment sentir et que l’ombre noire des événements futurs se projette dans l’air, subitement… Horace prétend que sa mère est malade en province, et après avoir éloquemment débattu devant Théophile la question de l’opportunité ou de la non-opportunité de prendre part à des actions dont la suprême justice lui semble douteuse, Horace va rejoindre… sa maman et écrit à Laravinière une lettre où il lui annonce l’impossibilité de prendre part à son entreprise. Surviennent le 5 et le 6 juin 1832. L’émeute se termine par les répressions sanglantes ; une poignée d’insurgés résiste jusqu’à la dernière extrémité et se barricade près de l’église de Saint-Merry, mais les troupes les entourent, et tous ceux qui ne sont point tués ou blessés à mort tombent entre les mains du pouvoir. Laravinière est atteint par plusieurs balles et tombe foudroyé. Paul Arsène, auquel rien ne sourit plus depuis la disparition de Marthe, combat à ses côtés et voudrait mourir, mais Laravinière, en voyant que tout est perdu, ne lui permet plus de rester parmi les combattants et lui rappelle que peut-être Marthe vivante peut avoir besoin de son aide. Alors Paul Arsène se jette dans la première porte venue, s’élance au grenier, se glisse d’un toit à un autre, et, tantôt sautant, tantôt rampant sur les pentes vermoulues, parvient ainsi à s’échapper du quartier cerné par les troupes. Enfin, épuisé par la fatigue et la perte de son sang, à bout d’espoir, il roule contre la fenêtre d’une mansarde et tombe en brisant le carreau au beau milieu d’une petite chambre.

Cette page du roman, concise et puissamment écrite, est, mal-