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à faire, je n’en sais rien. Quand on vient de lire, on ne saurait penser à cela. Vous me direz que Buloz y pensait bien. Je crois qu’il y pensait avant d’avoir lu, par pressentiment et magnétisme. À propos de lui, votre titre : la Revue indépendante, est admirable. Tous ceux à qui nous en avons parié font chorus avec nous. Je savais bien que c’était vous qui seriez la marraine. Maintenant il faut vaincre ou mourir. J’ai donné à composer la première section du premier volume d’Horace, telle que vous l’aviez déterminée. Nous vous enverrons de nouveau les épreuves, si vous voulez vous donner encore la peine de les relire, ou de nous les faire lire, si vos yeux sont toujours un peu malades. Pourquoi donc des maladies : il faut les exorciser toutes. Ce que vous m’écrivez de vos ennuis et chagrins m’afflige, mais ne m’étonne pas. Les hommes ne sont pas méchants naturellement, mais ils frisent la méchanceté, et leur pauvreté, fruit de leur mauvaise organisation, résultat elle-même de leur ignorance et de leur imperfection, les rend décidément méchants. Faites ce que vous dites pour vous venger de tous ces tracas. Vengez-vous sur M. de Montesquieu. Il est encore peu connu ; j’entends sa vie, sa personne, son vrai caractère. Mais est-ce que vous n’allez pas bientôt revenir ? Vous nous avez dit à la fin du mois. Il me semble que la fin du mois ne viendra jamais. Venez cimenter, affermir, perfectionner ce que nous avons ébauché, Viardot et moi : la Revue indépendante.

J’avais oublié de vous dire que j’ai reçu le bon sur la poste que vous m’avez envoyé et un bon de la somme que vous aviez demandée à notre excellent docteur Cauvière pour l’envoi de mes petits livres. Adieu, je vous écris au bureau de la Revue indépendante, au milieu des causeries de dix bavards.

Louis Viardot s’exprime en des termes presque identiques :


Samedi, 16 octobre 1841.
Chère madame Sand,

Vous êtes décidément la marraine de notre revue, qui s’appelle Indépendante ; l’imprimeur a fait sa déclaration aujourd’hui pour qu’on ne vienne pas encore nous voler ce nom. Combien je m’applaudis de vous avoir consultée sur ce point. Leroux a dû vous écrire toutes les raisons qui nous faisaient revue mensuelle, mais cette forme n’est que provisoire et seulement pour la fin de l’année, pour les numéros des 1er novembre et 1er décembre. À dater de janvier, nous paraîtrons par quinzaine comme les autres, c’est ce que nous annonçons dès aujourd’hui dans nos conditions d’abonnement. Au reste, ces questions seront traitées et résolues avec vous, parce que vous