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bourgeois ; ils mettent l’honneur à être riches ; ils ne conçoivent rien au delà !… Ô chère amie ! cette question de la pauvreté qui fait que tant de gens sont pleins de dédain et presque de mépris pour moi, est bien plus grave que vous ne le pensez. Vous m’avez écrit avec votre cœur de belles choses là-dessus ; mais vous regardez comme futiles mes préoccupations à cet égard, et vous avez tort. Le problème tout entier est là, dans la richesse, dans l’échange matériel, dans la valeur des choses !

J’ai aujourd’hui le cœur un peu plus ulcéré que d’habitude. Dois-je vous dire pourquoi ?…

La fin de cette lettre, citée plus haut, se rapporte à l’abbé de Lamennais et à son jugement prétendu ou réel sur le « petit livre », sur tous les écrits de Leroux en général, et sur Mmes Sand, Marliani et d’Agoult, en un mot à ce potin que Leroux trouva nécessaire de redire à George Sand. Cette première moitié de lettre confirme notre assertion que la lettre de George Sand, imprimée dans la Correspondance à la date de « février 1841 » en réponse à une lettre de l’abbé sur ce même potin, se rapporte bien réellement à l’automne de cette année.

Donc, au moment où Mme Sand se trouvait embarrassée de placer son Horace, Leroux était dans une gêne pécuniaire inextricable ; il courait le risque de rester sans gagne-pain, dans l’impossibilité de poursuivre sa prédication sociale. Mme Sand lui vint alors en aide doublement, Déjà à Nohant, aux vacances d’automne, Louis Viardot avait communiqué à Mme Sand le projet qu’ils avaient formé, lui et Leroux, de fonder une revue. Les amis se décidèrent à entreprendre cette affaire sans plus tarder, et George Sand s’associa à eux, leur promettant de les soutenir, et leur proposa le titre de la Revue indépendante. Elle fut donc la véritable marraine de la jeune revue, — les lettres suivantes de Leroux et de Viardot Louis le prouvent :


Madame George Sand.
À Nohant, près la Châtre (Indre).
Vendredi, 15 octobre 1841.

Chère amie, je vous écris un mot à la hâte. Je viens d’achever la lecture d’Horace et j’en suis ravi, très ravi. S’il y a des corrections