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dans le petit livre, si vous daignez le lire, que je fais grand cas de sainte Thérèse.

Adieu, amie, amie pour toujours. Je vous écris au milieu de l’ennui de faire vendre moi-même cet avorton de livre et aussi ennuyé du métier d’éditeur que de celui de l’auteur. Je présente mes amitiés à Chopin, à Maurice et à Mlle Solange.

P. Leroux.

Au verso :

Madame George Sand,
à Nohant près La Châtre (Indre).

Enfin il lui écrit, toujours à propos du « petit livre », les lignes que voici :

Chère amie, encore une lettre ! Vous allez dire que je deviens subitement bien épistolier. J’ai envoyé au docteur Cauvière à Marseille vingt-cinq exemplaires de mon petit livre. Pouvez-vous vous charger de lui écrire à ma place ? Votre recommandation serait plus puissante que la mienne. Il s’agirait de lui dire de faire un peu de propagande, de parler à ses amis, et, au besoin, de placer ces exemplaires chez un libraire. Je joins une petite note de librairie que vous lui transmettriez. Vous m’avez dit dans le temps, chère amie, que vous aviez rempli ma dette envers M. Cauvière. Vous coûterait-il de lui dire que s’il regarde le placement par lui de ces vingt-cinq exemplaires, tant pour le premier Discours que pour les autres, comme certain, il me rendrait service en m’avançant dès à présent deux cents francs, qui ne lui rentreront que successivement par la vente de ces exemplaires.

J’ai entrepris cette publication étant dans une grande détresse et puisque vous avez, vous, amie, payé ma dette antérieure, j’ai le droit de demander au docteur, qui est riche et qui approuve mes efforts, un petit sacrifice de ce genre. Voilà, du moins, ce que me dit, et du docteur et de bien d’autres, ma conscience. Mais l’esprit des hommes est aujourd’hui tellement aveuglé sur l’échange, et la valeur matérielle a tellement pris l’empire sur eux, que déjà bien des fois je suis rentré avec effroi en moi-même, et craignant de m’avilir à leurs yeux et de perdre mon indépendance, j’ai résolu de vivre comme eux par l’échange matériel, par la propriété comme ils l’entendent.

Vous jugerez, amie, de la convenance de ce que je vous demande aujourd’hui pour le docteur. Je vous ai déjà dit qu’il n’y a que vous à qui faire des aveux comme celui que je viens de faire ne me coûte pas. Vraiment tous les autres, même les plus avancés en apparence, ne comprennent rien à la question du siècle. Ils voient tout comme des