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important dans la querelle de Buloz et Mme Sand. Inspiré par les relations avec Perdiguier et le mouvement ouvrier de son époque, ce roman prêche en même temps sans contredit l’un des dogmes de la doctrine de Leroux : la guerre aux préjugés de caste et l’abolition des différends entre divers groupes sociaux. Il est clair que Leroux devait être très content de son disciple. Ce n’est point de cette oreille que l’entendait Buloz. Il fut si effrayé par les tendances du roman, il proposa tant de changements et de coupures, que l’auteur ne put les accepter. George Sand finit par reprendre son manuscrit, — ce qui ne lui était jamais arrivé depuis qu’elle collaborait à la Revue, — et par l’imprimer en volume. Cela la refroidit encore à l’égard de Buloz.

Un an plus tard, elle écrivit un nouveau roman, Horace, qui fut comme une nouvelle profession du credo Leroux. Elle présentait de nouveau au public un prolétaire idéaliste, Paul Arsène, nature simple, honnête, aimante et active, l’opposant au blagueur et égoïste Horace ; l’action se passait en 1832 avec l’horrible massacre de la rue Saint-Merry ; le récit était fait au nom d’un étudiant, vivant ouvertement avec une vertueuse grisette. Alors Buloz se refusa nettement à faire paraître cette œuvre dans sa revue, si de graves modifications n’y étaient pas apportées. George Sand demanda conseil à Leroux, qui lui répondit par une longue et intéressante lettre que nous donnons ici entière pour ne pas redire l’odyssée qui précéda la publication de ce roman.

Je ferai, chère amie, avec zèle et de mon mieux toutes les démarches nécessaires pour l’affaire de votre Horace. Je pataugerai avec les éditeurs, j’affronterai le Buloz et me moquerai de lui. J’aborderai le susceptible et cauteleux Perrotin. Mais dites-moi avant tout quelle somme vous a avancée Buloz sur ce livre. De quelle somme faudrait-il l’indemniser ? Voilà un renseignement préliminaire que, si vous êtes sage, vous me transmettrez le plus tôt possible. Sous le rapport commercial toute la question, selon moi, est dans cette somme, dans sa quotité. Arrachez provisoirement à Buloz jusqu’au dernier feuillet de votre manuscrit, et écrivez-moi de quelle somme ce manuscrit répond à Buloz. En outre, si vous le pouvez, envoyez-moi, comme