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serez assez bonne pour me répondre avec le moins de retard possible.

Recevez, madame, l’assurance de ma considération distinguée.

Agricol Perdiguier.

Bien des choses de ma part à MM. Chopin et Pierre Leroux.

Nous venons de voir que George Sand avait bien réellement donné à Perdiguier les moyens de faire son tour de France ; sa négation ne présente donc qu’un « pieux mensonge », stipulé par le verset de l’Évangile : « que votre main droite ignore ce que fait votre main gauche[1] ». Bien souvent Mme Sand aidait généreusement de la main gauche et écrivait de la droite qu’il n’en était rien ! Souvenons-nous du voyage de Sandeau en Italie et des moyens pour l’accomplir que lui fournit alors Mme Sand, ce qu’elle nia plus tard dans sa lettre à Eugène de Mirecourt[2], — et pourtant cela était vrai. Souvenons-nous des dettes de Musset, payées par elle à Venise, et pourtant elle écrivit à ce même M. de Mirecourt ne l’avoir jamais fait.

Perdiguier appréciait comme il le devait cette amitié de George Sand. Mme Sand lui garda cette amitié tant que dura sa vie, elle entretint une correspondance avec le menuisier écrivain jusqu’à sa mort et le secourut souvent, lui et sa femme. Après le coup d’État de 1852, Perdiguier, exilé et se trouvant avec sa famille dans la détresse, s’adressa à Mme Sand au nom d’un éditeur suisse. Il s’agissait d’écrire une série d’œuvres mi-historiques, mi-romanesques sous le titre général : les Amants illustres, George Sand écrivit Evenor et Leucippe, (1855), roman qui fut le seul de la série, et commencé surtout dans le but de donner à Perdiguier la possibilité de toucher quelque argent de l’éditeur, M. Collier.

Revenons au Compagnon du tour de France qui joua un rôle

  1. Notre assertion se trouve de tous points confirmée, outre les lettre inédites de Perdiguier, par tout ce que dit à ce propos le biographe de Perdiguier, M. Achille Rey, qui fit paraître, en 1904, une très intéressante plaquette : Agricol Perdiguier, pacificateur du compagnonnage, sa vie, son œuvre. (Avignon, J. Chapelle, 22 pages.)
  2. Cf. George Sand, sa vie et ses œuvres, t. Ier, chap. vii, p. 390.