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nous vivrons toujours et que nous sommes immortels[1]. »

Dans le deuxième volume de son Humanité, Leroux analyse minutieusement la Bible, non en qualité d’œuvre historique, exposant la vie du peuple israélite, mais en qualité d’œuvre symbolique qui renferme la plus profonde conception religieuse et philosophique de la substance même de la vie humaine, et l’expression la plus sublime du développement progressif de l’humanité ; il prouve que Moïse n’avait rien dit sur l’immortalité personnelle telle qu’on la comprenait et qu’on la comprend encore, seulement parce qu’il croyait et enseignait la vraie immortalité, c’est-à-dire la renaissance périodique et éternelle d’un seul et même individu sur la terre. En passant, Leroux affirme que telle était aussi la conception que Lessing se faisait de la doctrine de Moïse, ainsi qu’il l’expose dans son Éducation du genre humain.

Chaque nouvelle existence de l’homme est d’autant supérieure que l’homme était supérieur durant son premier séjour sur la terre. Et avec chaque nouvelle incarnation l’homme se perfectionne, il gravite vers la lumière, mais ce n’est ni pour disparaître dans le néant, le Nirwhana, ni pour se dissoudre en Dieu, car au dire de Leroux, « le panthéisme est aussi une erreur ». Les âmes humaines passent par une série de changements et de métamorphoses, tout comme les corps sidéraux dans l’espace doivent traverser une série semblable de transformations, et il est à présumer que tous ces changements sont assujettis à des lois psychiques aussi immuables que les lois astronomiques.

3) Durant son incarnation sur la terre chaque être humain doit progresser indéfiniment. Chaque homme doit, pour cela, être en communion complète et illimitée avec la nature et avec ses semblables. Le mythe du « péché originel » et toute l’histoire symbolique de l’humanité telle qu’on la trouve dans la Bible n’est au fond que l’histoire de la séparation égoïste de l’homme d’avec ses semblables, de la rupture criminelle de son unité.

Tout ce qui empêche notre pleine et entière communion avec la nature ou avec nos semblables est le mal. L’homme doit être

  1. De l’Humanité, t. Ier, p. 212-215 ; t. II, p. 19.