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X… qu’elle se montrait en effet plus conséquente avec ses idées que Jean Reynaud.

Elle ne se borna pas à se déclarer adepte de Leroux, elle mit tout en œuvre pour prêcher sa doctrine et lui recruter des prosélytes. Nous avons vu qu’étant à Majorque, elle avait entrepris d’endoctriner Maurice et Chopin. Durant son séjour à Marseille, elle semble avoir effectué la conversion du docteur Cauvière qui traitait Chopin. Elle écrit à ce propos à Mme Marliani :

Le docteur Cauvière lit l’Encyclopédie et se passionne pour Leroux et Reynaud avec une ardeur libérale et philosophique qui le rajeunit de quarante ans. Il va dans toute la ville prônant cette doctrine et il me remercie de l’avoir initié. Il rêve de venir à Paris rien que pour voir Leroux qu’il se reproche de n’avoir pas connu plus tôt…

Peu après, le docteur Cauvière devint lui-même un adepte fervent et actif de Leroux ; Leroux lui expédiait soit directement, soit par l’intermédiaire de Mme Sand, des dizaines d’exemplaires de ses brochures ou de ses « petits livres », afin qu’il les propageât, et il le priait même souvent de le payer d’avance. Il semble que Mme Sand ait aussi emprunté pour Leroux une forte somme au docteur Cauvière, laquelle somme le philosophe voulait rembourser encore par ses « petits livres », comme nous le verrons tout à l’heure par ses propres lettres.

Mme Sand devait prouver d’une manière bien plus éclatante encore son dévouement, son empressement à sacrifier son repos, ses intérêts privés aux idées prêchées par Leroux et au désir de lui venir en aide à lui-même. Revenons donc encore une fois sur ses rapports avec le directeur de la Revue des Deux Mondes.

Depuis Spiridion les relations avec Buloz s’étaient gâtées. Durant les années suivantes, — 1840 et 1841, — elles ne s’améliorèrent pas, il y eut des deux côtés des raisons de mécontentement. Nous avons vu que lorsque Mme Sand voulut vendre à Perrotin toutes ses œuvres parues, Buloz lui fit un procès qu’il ne gagna point. Puis ce fut le tour de Mme Sand de s’indigner contre le directeur de la Revue, à propos du Compagnon du tour de France, écrit dès 1840.