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chements. Laissons-le donc ignorer que nous savons ce qu’il pense. Au surplus, vous le connaissez, c’est à tout le monde, sauf certaines réticences, qu’il va sans doute manifester ses hostilités. Ainsi hier, un républicain, Landolphe (dont, par parenthèse, Mme Marliani a soigné la mère et la sœur, sur la recommandation de M. de Lamennais), étant allé le voir, il a commencé à le chapitrer sur mon livre, avec une sorte de colère et tout plein d’ironie. Mais sachons cela et soyons généreux !

Élevons-nous, élevons-nous ! Au milieu de tous les chagrins de tout genre qui m’arrivent, voilà ce que je me répète et me dis à moi-même, heureux de savoir qu’il y a vous aussi à qui je puis le dire.

Votre ami,
P. Leroux.

Le lecteur voit que malgré tous les efforts de Leroux d’atténuer et de passer l’éponge sur l’indiscrétion qu’il commettait, il est obligé de présenter, assez sophistiquement, tout cet incident comme un nouveau prétexte à s’élever. Il eût été certes plus élevé de ne point s’abaisser à ces potins. Heureusement que cet épisode, assez peu joli, n’eut aucune action sur l’amitié et la vénération de Mme Sand pour son vieil ami ; nous savons qu’en 1843 elle rompit encore des lances pour lui à propos de ses Amschaspands et Darvands, en le défendant contre les attaques de Lerminier dans la Revue des Deux Mondes[1]. C’est probablement à cet article de Mme Sand que se rapporte la lettre inédite suivante de Leroux (qui peut’ toutefois se rapporter aussi à l’article de 1838 contre Lerminier).


Madame George Sand. Paris.
(Sans date.)
Chère amie,

J’ai lu et envoyé à l’imprimerie vos pages. Je ne les ai pas jetées au feu. Pourquoi m’écrivez-vous de pareilles choses ? Est-ce que vos soins pieux pour Spiridion ne me sont pas sacrés ? En effet, je suis un peu trop du camp des philosophes, et il y a en moi un vieux levain contre les contradictions et irrésolutions de l’abbé. Croyez, toutefois, que

  1. George Sand, sa vie et ses œuvres, t. II, chap. x, p. 229, chap. xiii, p. 395.