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Et ces lignes expliquent la fin d’une autre lettre inédite (celle du 15 août 1839, toujours à la même) dans laquelle la romancière prie son amie de prendre sur ses fonds qui étaient à la garde de Mme Marliani, et de verser pour elle une certaine somme dans une collecte quelconque, — il est à croire que c’est encore au profit de Lamennais, — Mme Sand y dit qu’elle-même avait déjà depuis peu envoyé plus de 2 500 francs de la Châtre « pour la bonne cause », ce qui fait qu’il lui est quasiment impossible de donner encore, et elle ajoute :

Nous étions tous très gueux, nous le sommes plus que jamais, vous savez dans quel état sont mes finances. Buloz est furieux contre ma métaphysique et se rebelle fièrement. Il s’en repentira et reviendra l’oreille basse me demander pardon. Mais, en attendant, je suis sans argent, je serais sans pain, si je n’avais du crédit à Nouant… Donnez à l’abbé, en plus de mes quarante francs, dix francs pour Chopin et cinq francs pour Rollinat. Total cinquante-cinq francs, en attendant mieux…

Le 24 août de cette même année Mme Sand écrit encore :

S’il me reste encore cent francs chez vous, veuillez les remettre à M. de Lamennais pour notre petite affaire…

Mme Sand continuait donc, en 1839, à prendre une vive part à tout ce qui concernait l’abbé. Lamennais avait aussi de l’amitié pour elle, mais nous avons déjà dit qu’il y avait en lui un grand fonds de méfiance et de mépris tout clérical pour les femmes, qu’il faisait parfois percer autant dans ses lettres (par exemple, celles à M. de Vitrolles) que dans ses causeries. Or, Leroux commit la mauvaise action de profiter de ces causeries pour éveiller la méfiance de George Sand envers l’abbé. Voici un passage d’une lettre de Leroux, qui peut répandre une certaine lumière sur la réponse assez énigmatique de George Sand écrite à l’abbé, alors à Sainte-Pélagie (publiée dans la Correspondance à la date de « février 1841 », mais qui, à notre avis, doit avoir été écrite en l’automne de cette année). Quoique la lettre de l’abbé semble avoir été écrite à propos de sa sortie véhémente contre les femmes, dans l’un de