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(Cette fin de lettre est changée et tronquée dans la Correspondance imprimée) :

Puisque Buloz vous remet l’argent de Simon, envoyez-le-moi, car celui que Chopin attend de son éditeur souffre quelque retard et je touche avec mon hôtesse au quart d’heure de Rabelais… Vous aurez dans peu de jours mon article sur Mickiewicz, qui sera, je crois, plus long que je ne l’annonçais. Quant aux Cordes de la lyre, tenez ferme, chère amie, pour qu’elles soient insérées dans la revue. La forme convient aussi bien que toute autre chose à la revue, mais ne voyez-vous pas que notre Buloz hésite et recule parce qu’il y a cinq ou six phrases assez hardies et que le cher homme craint de se brouiller avec son cher gouvernement…

… Je sais aussi bien que lui ce qui serait hors de place dans la revue, à preuve que je me suis résignée à perdre moitié sur Lélia plutôt que de faire fragmenter cette longue tartine. Il faut vous dire aussi que tout ce qui est un peu profond dans l’intention effarouche et le Bonnaire et le Buloz, parce que leurs abonnés aiment mieux les petits romans comme André et compagnie, qui vont également aux belles dames et à leurs femmes de chambre. Ces messieurs espèrent que je vais bientôt leur donner quelque nouvelle à la Balzac. Je ne voudrais pas, pour tout au monde, me condamner à travailler dans ce genre éternellement, j’espère que j’en suis sortie pour toujours. Ne le dites pas à notre butor, mais à moins qu’il ne me vienne un sujet où ces petites formes communes puissent envelopper une grande idée, je n’en ferai plus, j’en ai trop fait. D’ailleurs, je crois qu’on en a assez fait et que ce genre s’épuise. Il tombe dans le commun le plus commun. Laissez gémir Buloz, qui pleure à chaudes larmes quand je fais ce qu’il appelle du mysticisme et poussez à l’insertion. Il faut bien que les lecteurs de la revue se fassent un peu moins bêtes, puisque moi je me fais moins bête de mon côté…

Le 4 juillet Mme Sand avait écrit encore à la même :

Je vous écris souvent à propos de bottes. Cette fois, pourtant, je crois devoir me hâter pour votre petite quête. J’ai recueilli cent francs, que je vous prie de prendre sur mes fonds et de remettre à M. Lamennais. Je recueillerai encore quelque chose, j’espère, mais en tout, ce sera peu de chose, car je n’ai pu faire contribuer que mes amis intimes, et comme ils sont fort honnêtes gens, il leur arrive ce qui n’est que trop fréquent en pareille occasion, ils sont pauvres[1].

  1. Inédite.