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Notons aussi que dans l’un de ses chapitres survient d’une manière tout épisodique un « jeune corsicain » qui aborde dans File tout fortuitement, en se dirigeant vers la France, et que ce jeune homme apparaît aux yeux du père Alexis comme la personnification symbolique et providentielle de la force et de la volonté, indispensables dans la marche de l’histoire. L’auteur qui, dans le dernier chapitre, considère des soldats maraudeurs comme des agents de la Providence, trace en quelques traits magistraux, entraîné sûrement par les souvenirs inoubliables, de son enfance, et sans nommer nulle part le personnage, le portrait matériel et moral du grand empereur.

Notons encore que dans la première version du roman, parue j dans la Revue des Deux Mondes de 1839, Angel ne trouve point trois manuscrits, mais bien un seul, — le manuscrit de Spiridion, — c’est ainsi imprimé en grandes lettres dans le texte, et ce morceau produit par son contenu, son intégrité spontanée et ! son enthousiasme pathétique une impression infiniment plus grande que les pages tant soit peu froides et trahissant par trop leur « Leroux » de la version ultérieure, qui se publie depuis 1842 dans toutes les éditions du roman[1].

Spiridion parut dans les livraisons des. 15 octobre, 1er et 15 novembre de 1838 de la Revue des Deux Mondes et dans les deux numéros de janvier 1839. Le directeur de la revue, Buloz, était déjà assez vexé qu’à rencontre de tous ses usages de régularité, la fin de cette œuvre parût avec un si grand retard. Mais il fut encore plus mécontent du roman même. Le mysticisme de la fable l’effrayait ; la rectitude trop prononcée des opinions religieuses le choquait. Mme Sand ne fut toutefois point intimidée par cette pusillanimité de son directeur et quoiqu’elle lui promît de faire immédiatement suivre ce roman d’un autre qui serait « dans son goût » et point mystique, elle lui fournit néanmoins d’abord son article sur Mickiewicz, — passablement mystique aussi, — et puis elle le pressa de publier les Sept cordes de la lyre. Elle écrivit à ce propos à Mme Marliani :

  1. Ce morceau est extrêmement remarquable et nous regrettons de ne pouvoir le réimprimer ici.