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Si j’avais voulu montrer le fond sérieux, j’aurais raconté une vie qui jusqu’alors avait plus ressemblé à celle du moine Alexis (dans le roman peu récréatif de Spiridion) qu’à celle d’Indiana, la créole passionnée…[1].

En une dizaine d’autres passages de l’Histoire de ma vie le lecteur trouve des allusions à cette perpétuelle et constante recherche de la vraie religion, durant de longues années, et il est à noter que toute une partie de ces Mémoires (la quatrième, les chapitres de 1 à xv), est intitulée : Du Mysticisme à l’Indépendance, et que c’est dans le sens purement philosophique qu’il faut comprendre ce dernier mot.

Abordons maintenant Spiridion et ses idées directrices, elles résument les croyances de l’auteur à cette époque de sa vie. Or, voici la dédicace de ce roman :


À M. Pierre Leroux.

Ami et frère par les années, père et maître par la vertu et la science, agréez l’envoi d’un de mes contes, non comme un travail digne de vous être dédié, mais comme un témoignage d’amitié et de vénération.

George Sand.

Un jeune fervent du nom d’Angel entre dans un couvent de bénédictins. Il croit candidement que tous les habitants du couvent sont remplis du désir de connaître le vrai Dieu, que chacun de leurs pas est guidé par leur amour de Dieu et des hommes, et qu’ils passent leur vie en prières et en labeurs. Il est bientôt désabusé ; à son très grand étonnement, sa ferveur est injustement persécutée. Il se lie d’amitié avec le vieux moine Alexis, qui lui conseille de feindre, au plus vite, une lassitude, de négliger ses pratiques religieuses, de faire semblant d’être léger, brutal, sans amour-propre, stupide et fainéant ; alors on le laissera en repos. Il l’attire à lui et lui donne la possibilité de s’adonner à l’étude, car Alexis remplit dans le monastère les fonctions du bibliothécaire, d’astronome et de savant et mène

  1. Histoire de ma vie, t. IV, p. 134.