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Cette même Mme Sand, en voyant la sympathie naissante entre-Pauline et M. Louis Viardot, conseilla chaudement à Mme Garcia de protéger ces sentiments à peine éclos, car elle connaissait le mérite de cet ami de Leroux ; elle était sûre qu’il ferait le bonheur de la géniale enfant, Elle ne se trompa point : le mariage de Pauline Viardot, qui eut lieu au commencement de l’été de 1840, fut des plus heureux, et les deux jeunes époux gardèrent à tout jamais une reconnaissance chaleureuse à Mme Sand pour ses conseils maternels et l’aide qu’elle leur prodigua au temps de fiançailles. Mme Viardot y revint souvent dans ses lettres, comme de vive voix, et dès son voyage de noce elle se répandait en bénédictions à leur « bon ange », comme elle appelait Mme Sand.

Elle écrivit de Rome, le 22 juillet (1840) :


Chère et bonne madame Sand,

À Paris, nous vous nommions notre bon ange, n’est-ce pas ? Eh bien, il ne se passe pas de jour que nous ne vous adressions une prière de remerciement. C’est que si notre bonheur est complet, pur, parfait, c’est que vous aviez bien deviné et que vos prédictions se sont bien réalisées.

Pardonnez-moi, bon ange, de vous entretenir si longuement de moi, de mon bonheur, mais comme il est en grande partie votre ouvrage, j’espère que le reçu ne vous sera pas totalement indifférent. Puissiez-vous être mille fois bénie…

Et Louis Viardot de son côté l’appelle « notre bon génie », parce qu’elle avait contribué à faire deux heureux.

À dater de ce jour et jusqu’à la mort de Mme Sand la correspondance ne chôma point. Et l’officiel « Madame » ou « chère Madame » en tête des lettres, — dans lesquelles Mme Viardot raconte avec les plus grands détails ses voyages, ses représentations, ses concerts, ses brillants succès à Londres, en Espagne, à Vienne, à Leipzig, à Berlin et à Saint-Pétersbourg, lettres dans lesquelles elle parle de ses enfants, de son labeur intense et de ses efforts à toujours progresser, de tous les faits importants ou minimes de sa vie privée et artistique, — cet en-tête