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d’un compte rendu du poème[1]. Quoique les journaux anglais tels que l’Aziatic Journal et l’Atheneum aient déjà favorablement parlé de son livre, Chodzko sut parfaitement apprécier l’immense service que Mme Sand lui rendait par son article… « Être introduit à la connaissance de l’Europe littéraire moyennant l’organe aussi puissant que celui de votre plume d’or et de soie », — lui écrivait-il dans son style assez exotique, le 17 décembre 1842, en réponse à sa lettre du 15 décembre dans laquelle elle le priait de lui communiquer des extraits de son livre, — « est un avantage, une illustration, vous le savez vous-même, que tout amour-propre ne saurait assez ni briguer, ni mériter… »

Eh bien, lorsqu’en suivant le cours de Mickiewicz en l’hiver de 1842-43, Mme Sand eut idée de faire encore une fois servir cette « plume d’or et de soie », ad majorera gloriam du grand poète polonais, elle s’adressa avant tout à ce même ami de Mickiewicz, Alexandre Chodzko, en le priant de lui fournir non’ plus ses propres œuvres, mais, bien le texte sténographié des leçons de Mickiewicz. C’est à ce nouveau projet littéraire que se rapportent les lignes suivantes de Chodzko :

Madame,

Les cahiers que j’ai l’honneur de vous transmettre, avec ceux qui se trouvent déjà en votre possession, font tout ce qui a paru jusqu’aujourd’hui en fait de leçons de M. Mickiewicz de l’année actuelle. Aussitôt que de nouvelles sténographies seront imprimées, je ne manquerai pas de vous en envoyer. Il m’en voudrait, s’il savait que vous en ayez pris connaissance, avant qu’il n’eût revu et rectifié les erreurs du copiste. Aussi vous prié-je de ne pas dire que vous le tenez de moi. Un ouvrage imprimé devient la propriété de tout le monde et par conséquent pourrait aussi tomber sous vos mains. Nous faisons trop grand cas de votre opinion, madame, et nous considérons l’idée d’où notre professeur puise ses plus belles inspirations non seulement comme une question littéraire, mais bien comme un fait, une vérité incontestable, sur laquelle se base le salut de notre pauvre patrie et celui de

  1. Dans l’édition Lévy des Œuvres complètes de George Sand fait partie du volume de Piccinino.