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vénération, la même sympathie qu’autrefois. George Sand aussi avait pour lui les mêmes sentiments enthousiastes, et comme elle tâchait toujours et en toutes choses de faire du bien à ses amis, de les aider, de leur rendre quelque service, elle resongea encore à faire jouer ou publier les Confédérés de Bar. Nous en trouvons la preuve écrite dans le petit billet suivant, daté aussi rien que d’un mardi, mais comme la réponse d’Adam Mickiewicz est adressée à la Cour d’Orléans, 5 (où Chopin et George Sand n’allèrent habiter que dans les derniers mois de 1842) et grâce à quelques autres considérations, nous croyons pouvoir dater ce billet avec beaucoup de certitude de 1843[1] :

Voulez-vous, pendant le peu de jours que j’ai encore à passer ici, que je relise votre drame ? Et s’il n’est pas de nature à être mis en scène, pourquoi ne le feriez-vous pas imprimer ? Je me souviens que c’est beau. Confiez-le-moi. Pourquoi faut-il le laisser dormir ? Rien de ce que vous avez fait ne peut être inutile ou indifférent.

Tout à vous de cœur.

G. Sand.
Mardi.

Mickiewicz répondit sur-le-champ par la petite lettre inédite dont nous avons encore l’autographe sous les yeux :

Au verso :

Madame
Madame George Sand,
cours d’Orléans, 5.

Je vous porterai mon drame. Faites-le lire à Bocage. Mais j’ai à vous parler d’une chose plus importante. Je pense qu’on pourrait arranger pour la scène la Comédie infernale, et que Bocage, aidé seulement de deux acteurs, serait en état de la jouer. Ceci demande des explications. Je ne sais ce qui en sera, mais comme vous êtes une personne de bon augure pour moi, je pressens qu’il en sortira quelque chose, puisque c’est vous qui en avez parlé la première.

Votre fidèle

Mickiewicz.
  1. M. Ladislas Mickiewicz (qui le publia dans le volume des Mélanges posthumes) a eu bien raison de le dater de 1843. Dans la Vie d’Adam Mickiewicz, M. Ladislas Mickiewicz rapporte ce même billet à 1840.