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En automne Maurice alla sur la demande de M. Dudevant passer quelques semaines à Guillery, ce qui fut une grande privation pour sa mère. Elle eut une certaine consolation dans l’arrivée à Paris de ses deux vieux amis, Boucoiran et Rollinat, qui séjournèrent chez elle. Elle se délassait de son labeur nocturne coutumier, en causant avec eux au coin du feu, le soir, tout en enseignant la couture à Solange. Dans la journée elle montait à cheval et faisait aussi prendre des leçons d’équitation à sa fille au manège, — comme on le voit par les lettres imprimées et inédites à Maurice des 4, 15, 20 et 27 septembre, 8 et 12 octobre. Voici par exemple ce qu’elle écrit à son fils à la date du 15 septembre :

À Maurice, à Guillery.
Paris, 15 septembre[1].

Nous menons toujours la même vie ; j’écris la nuit. Mon roman est presque fini, je dors le matin, je flâne le jour avec Solange qui est toujours censée en vacances en attendant la demi-pension, et le soir, nous travaillons à l’aiguille, pendant que Chopin dort dans un coin et que Rollinat rabâche dans l’autre…

Dans sa lettre du 20 septembre (tronquée et changée complètement dans la Correspondance) George Sand donne à son fils des conseils comment il faut monter à cheval, sans courir aucun risque, et lui donne aussi des détails sur les chevaux qu’elle et Solange montent au manège. Elle lui raconte les projets extraordinaires de Balzac pour s’enrichir, il prétend avoir découvert la rose bleue. Elle lui narre aussi la soirée passée au théâtre avec Delacroix pour voir le mélodrame du Naufrage de la Méduse ; elle met Maurice au courant des mots burlesques de Rey et de Rollinat. Puis viennent les lignes omises suivantes :

… Je passe toutes mes nuits sur le Tour de France, qui touche à sa fin ; et toutes mes soirées à faire des robes ou à raccommoder des

  1. Inédite.