GEORGE SAND
SA VIE ET SES ŒUVRES
CHAPITRE PREMIER
(1838)
Date importante dans la vie spirituelle de George Sand. — Pierre Leroux
et ses doctrines. — Frédéric Chopin ; l’homme et l’artiste. — Les débuts
du roman. — Le printemps de 1838. — Voyage à Majorque. — Les Préludes
et la Sonate en si bémol mineur. — Un Hiver à Majorque. — Marseille. —
19 juin 1839.
Les amis de George Sand, dans les vingt-cinq dernières années de sa vie, ceux de la dernière heure surtout, auxquels la « bonne Dame de Nohant » n’apparut que sous les traits de cette aïeule si philosophiquement sereine, si maternellement bienveillante, si impersonnellement bonne envers tout ce qui l’entourait, on dirait même si bourgeoisement vertueuse, ont de la peine à croire que cette même aïeule écrivit jadis à Musset des lettres follement brûlantes, qu’elle avait traversé des périodes de doutes cuisants, de désespoir, de révolte passionnée dont Lélia et le Journal de Piffoël gardent la trace. Il leur semble que ce George et cette Mme Sand (comme on la nommait dans sa vieillesse) sont deux êtres différents.
Les contemporains de la « gloire militante » de la grande romancière, les admirateurs de ses premières œuvres fougueuses sont par contre tout ébahis en lisant ses romans ultérieurs tout imprégnés de douceur et de clémence.
On aurait grand tort pourtant de chercher la cause de ce changement dans l’âge seul de l’auteur, voire, dans ce quiétisme inévitable et naturel qui s’y rattache. Non, eût-on même quelque