publiées et deux lettres inédites de George Sand, et comme toujours on a retranché des deux lettres imprimées dans la Correspondance — (les lettres du 13 août à Chopin et du 15 août à Maurice) — plusieurs lignes et certaines locutions très précieuses pour le biographe. C’est ainsi que Mme Sand raconte à Chopin ses impressions cambrésiennes :
- Cher enfant,
Je suis arrivée à midi bien fatiguée ; car il y a quarante-cinq lieues et non trente-cinq de Paris jusqu’ici. Nous vous raconterons de belles choses des bourgeois de Cambrai. Ils sont beaux, ils sont bêtes, ils sont épiciers ; c’est le sublime du genre. Si la Marche historique ne nous console pas, nous sommes capables de mourir d’ennui des politesses qu’on nous fait. Nous sommes logés comme des princes ; mais quels hôtes, quelles conversations, quels dîners ! nous en rions quand nous sommes ensemble ; mais quand nous sommes devant l’ennemi, quelle piteuse figure nous faisons ! Je ne désire plus vous voir arriver ; mais j’aspire à m’en aller bien vite, et je commence à comprendre pourquoi mon Chop ne veut pas donner de concerts. Il serait possible que Pauline Viardot ne chantât pas après-demain, faute d’une salle. Nous repartirons peut-être un jour plus tôt. Je voudrais être déjà loin des Cambrésiens et des Cambrésiennes.
pendant cette année de 1840 qu’elle ne quitta pas la rue Pigalle d’octobre
1839 à juin 1841.
M. Ferdinand Hœsick qui publia dans la Biblioteka Warszawska de 1899
un très intéressant article sur les relations entre Chopin et Fontana et qui
prouva clairement par la confrontation des lettres autographes de Chopin
avec les lettres tronquées, changées et fantaisistement datées par Karasowski,
combien peu il fallait se fier au texte et aux dates de ce dernier, reconstitua
la chronologie de presque toutes les lettres de Chopin à Fontana. Il
ne s’abuse qu’en disant (p. 17 de la Bibliothèque W. de juillet 1899) qu’à « l’arrivée
de l’été il s’y rendit de nouveau » (à Nohant). Cette assertion n’est
basée sur rien, car, comme nous venons de le dire, on voit par le contenu,
les adresses et les dates de toutes les lettres tant imprimées qu’inédites de
George Sand et à George Sand, que pendant une année et demie elle ne
quitta Paris que pour deux jours et n’alla point du tout à Nohant. Il
serait ridicule alors de croire que Chopin y alla seul. Donc la lettre de Chopin
écrite de Nohant et datée de mercredi, dans laquelle Chopin prie Fontana
d’aérer l’appartement et d’y faire faire du feu avant « leur arrivée à Paris »,
ne doit pas être rapportée à 1840, mais bien à 1842 ou même 1843. Cette
lettre commence par les mots : « Moje kochanie. Przyjezdamy z pewnoscia w
poniedzialek, to jest 2-go o godzinie 2-giei z poludnia… » et on y trouve
l’allusion à « l’accompagnement de l’honoré M. Lenz », or, Lenz (voir plus
loin) ne fit la connaissance de Chopin qu’en 1842, — donc cette lettre ne peut
pas avoir été écrite plus tôt.