Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/188

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est ainsi qu’en restant cet été à Paris, Mme Sand espérait y dépenser moins et y gagner davantage, d’autant plus qu’outre le contrat avec l’éditeur anglais il se présentait encore une autre affaire assez lucrative : l’éditeur célèbre Perrotin lui offrit à des conditions fort belles de faire l’édition complète de toutes ses œuvres parues. Il résulte d’une lettre inédite à Papet, datée du 28 août 1840, que cette édition assurait à Mme Sand la rente annuelle de 12 000 francs, pendant un nombre indéfini d’années, ce qui lui garantissait une indépendance indispensable à son travail. Mais cette affaire avec Perrotin était entravée par le contrat que Mme Sand avait conclu avec Buloz, pour trois ans et six mois, et qui donnait à Buloz le droit de faire paraître en volumes tous les romans de George Sand publiés dans sa Revue ; ce contrat n’était pas échu. Or, Buloz assurait qu’il avait le droit d’en faire reculer le terme. Il prétendait qu’en 1836 ou 1837, George Sand ne lui avait pas fourni sa copie à date fixe, qu’elle avait été payée durant ce temps, etc. Il fallut alors rechercher à Nohant toutes les vieilles lettres de Buloz et lui prouver, documents en mains, que toutes les feuilles d’épreuves lui avaient toujours été expédiées bien régulièrement et à dates fixes[1], et c’est alors seulement qu’il consentit, moyennant un certain dédommagement, à permettre à Perrotin d’entreprendre l’édition, à la date de 1842. Il devait en outre acheter à Buloz tous les exemplaires non vendus de son édition des œuvres de George Sand.

Nous ne savons pas s’il y eut, en dehors de ces questions d’affaires, d’autres causes qui ne permirent pas à Mme Sand d’aller cet été à la campagne. Le fait est que durant cet été et l’hiver suivant elle ne quitta Paris que pour accompagner à Cambrai Mme Pauline Viardot, qui devait donner des concerts dans cette ville[2]. Cette petite escapade est racontée dans deux lettres

  1. Lettres inédites à Hippolyte du 28 août, et à Papet de cette même date et du 2 septembre 1840.
  2. Nous avons déjà vu par la lettre de Balzac de 1841 (v. plus haut) qu’il déclare catégoriquement que Mme Sand n’était « pas sortie de Paris l’année dernière ». Mais, outre cette déclaration, nous voyons encore par toutes les lettres et les adresses des lettres de George Sand et à George Sand