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nous bientôt. Tu me manques comme une partie essentielle de ma vie. À toi de cœur.

George.

Il est très curieux que ce soit de ce même point de vue que Cosima fût jugée par… l’ultra-rétrograde critique russe Senkowski : il déclara que par ses tendances, par ses idées générales, par ses sentiments, enfin par le fond Cosima ne se distinguait en rien des œuvres les plus célèbres de la grande romancière. Nous trouvons les mirifiques lignes suivantes dans le volume 41 de la Bibliothèque de la lecture de 1840 :

La grande Georgius Sand enfanta le grand drame de Cosima, lequel grand drame, ennuyeux de par nature et dévergondé par le sujet, tomba la tête en bas, quoiqu’on y voie exhibée toute la collection des élucubrations qui firent la gloire des romans de ladite Georgius Sand. Je ne veux rien dire de Cosima, non plus ; c’est Indiana, c’est Lélia, c’est Jacques et André, c’est Mme Dudevant elle-même, donc cela ne vaut pas la peine d’en parler…

Dans la lettre inédite à son frère Hippolyte Chatiron, datée du 4 mai, George Sand lui dit que :

Buloz a manqué périr de chagrin des cabales qui ont culbuté ma pièce. Je t’ai envoyé ladite pièce ; à propos, l’as-tu reçue ? Elle n’est pas si mauvaise que les journaux l’ont prétendu, mais le Théâtre-Français est livré à toute sorte de divisions, de cabales, d’abus et de canailleries. Quoi qu’il fasse, il périra par là. Sans Rachel, ce serait fait déjà. Celle-là est toujours sublime. Ta divine Dorval a bien joué Cosima aux répétitions, mais elle a perdu la tête aux sifflets. J’ai été plus philosophe et j’ai pris ma défaite comme quelqu’un qui s’y attendait, connaissant le terrain…


L’insuccès de Cosima, qui ne se maintint pas dans le répertoire, se refléta surtout sur la position pécuniaire de George Sand, qui, déjà, n’était point brillante à ce moment. Hippolyte Chatiron avait à sa demande entrepris la vérification de toute la comptabilité et de la gestion de Nohant, et en général de toute la fortune de sa sœur : l’examen fut concluant. Les personnes qui affermaient le domaine, le géraient et le dirigeaient en