Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais Heine fut surtout fâché parce que George Sand prit la défense de Dessauer, comme on peut le voir par sa lettre à M. de Mars, datée du 8 septembre 1855 :

Mon cher monsieur de Mars,

Si vous pouvez me donner quelques minutes demain ou après-demain vous me feriez grand plaisir. J’ai à vous consulter, vous ou Buloz, sur une lettre de George Sand qu’on vient d’imprimer en Allemagne où elle me traite de la manière la plus indigne. Vous déviiez me conseiller ce que j’ai à faire en cette occurrence où ma bonnacité (sic) est réellement mise à une rude épreuve. Je n’y comprends rien ; il paraît réellement que c’est un parti pris de cette malheureuse femme d’injurier tous ceux qui lui ont montré un intérêt sincère. Il faut beaucoup pardonner aux femmes, je le sais bien, ce que je viens de vous dire est confidentiel, et je vous prie de n’en parler à personne.

Tout à vous.

Signé : Henri Heine[1].

P.-S. — Je viens de finir mon travail pour Taillandier que je lui envoie en même temps ; il m’a promis de venir demain matin chez moi[2].

Nous avons vu toutefois que dans sa réponse à Dessauer Mme Sand ne traitait Heine pas « d’une manière indigne », elle se disait simplement prête à encourir le mécontentement de vieux amis, si cela était nécessaire, pour défendre Dessauer contre une calomnie.

C’est ainsi que Heine transporta une partie de sa rancune contre le musicien sur sa « chère et aimable cousine » d’autrefois, il semble l’avoir gardée jusqu’à sa mort, survenue moins d’un an après.

Il est clair, d’autre part, que Dessauer fut vivement touché de ce que George Sand fit pour lui, ainsi que le prouve sa lettre du 33 novembre. Cette lettre, outre son importance pour l’histoire des relations entre George Sand et Heine, nous offre comme un petit instantané des soirées de la rue Pigalle

  1. Cette signature seule est de la main d’Henri Heine.
  2. Inédite.