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ou preuves avérées ; il n’y règne point d’incertitude anonyme, les personnes ne sont point désignées par des initiales ou de vagues paraphrases, je nomme chacune par son nom et son prénom, à faire enrager tous les poltrons et tous les hypocrites qui crient haro contre un pareil manque d’égards. Mais le grand public comprend très bien cette exécution publique, et chacun dit : « C’est le parler de la vérité, âpre, souvent fatal, mais toujours vrai. » [Et enfin, très cher frère, porte-toi bien, salue de ma part ta femme, embrasse cent fois tes enfants et aime

Ton frère dévoué.]

Henri Heine[1].


Paris, août 1855.

Nous oserons commettre un crime de lèse-majesté et commenter cette lettre.

Il nous semble d’abord que les expressions de la page 47 des Vermischte Schriften : « un insecte sans nom et rampant » ou « l’un des plus misérables compositeurs de chansons dans le plus parfait charabia, etc… » méritent bien plutôt le nom « de vagues paraphrases » que de « vrais noms et prénoms ». Secondo : Les « motifs » des écrits tels que les lignes venimeuses sur la « punaise et l’araignée » ne sont en aucune façon « peu importants ». Quant aux « témoignages » et aux « preuves avérées », ils se trouvèrent pour une grande part non vérifiés, et d’autre part prouvant contre Heine.

Tertio : Il est clair pour tous ceux qui connaissent la biographie d’Henri Heine pourquoi Gustave Heine s’émut non de ce que son frère ait pu propager un cancan ou manquer de dignité de conduite, mais bien de ce qu’il ait pu dire que jadis il s’était trouvé dans la gêne, — ce qui touchait à son tour la question de ses rapports avec sa famille. Or, il est notoire que la question d’argent fut toujours une cause de graves difficultés pour le

  1. Nous avons copié cette lettre sur les colonnes mêmes du Fremdemblatt. Depuis sa publication dans cette feuille, elle n’a jamais été réimprimée complètement, sauf le livre du docteur Frankl, et ne fait point partie de la Correspondance de Heine. M. Sack la cite avec l’omission de tous les passages que nous donnons entre crochets. C’est aussi nous qui soulignons toutes les lignes données en italique.
    W. K.