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croyances, nous précipitera soit dans le néant, soit dans l’éternité, ce sont des paroles sublimes, pures et saintes qui conviennent, ou bien le silence…[1]. »

Les choses en seraient probablement restées là, si des personnes bénévoles et des bâcleurs d’articles spirituels ne s’étaient mêlés de l’histoire. Dans les numéros des 4 et 5 août 1855 de la feuille viennoise l’Humoriste, dirigée par un certain journaliste de fort mauvais goût, M. G. Saphir[2], assez connu de son temps et complètement oublié de nos jours, parurent deux feuilletons de ce même Saphir sur les visites qu’il fit à Heine et au tombeau de Bœrne, intitulés : Une tombe et un lit à Paris ; visite chez Bœrne et chez Heine.

Lorsque Saphir interviewait Heine, la conversation tomba entre autres sur les offenses que Heine prodiguait même à ses amis.

… Ah ! dit-il, sur qui ferai-je donc des mots, si ce n’est sur mes amis ? Les ennemis s’offensent immédiatement et les amis doivent donc nous rendre au moins le service amical de ne pas prendre en mauvaise part nos calembredaines !!! Je dus avouer que cela ne manquait pas d’une certaine méthode. Mais entre temps, je lui fis des reproches sur la correction infligée à notre bon D……r. « Oh ! dit Heine, en ce cas, je vais vous raconter comment il mérita cette peine capitale. » Il me raconta l’histoire que je ne vais pas redire. Peut-être avait-il raison, mais qui lui donna le droit d’endosser les fonctions de justicier public ?

Quoique le feuilleton de Saphir ne parlât que fort obscurément de la « correction » que Dessauer aurait méritée de la part de Heine, et quoiqu’il n’y fût point nommé de son nom entier, la Notice de la Lutèce, sur George Sand, que nous avons citée, et les attaques précédentes de Heine contre Dessauer, dans les Esquisses musicales, étaient trop connues du public pour que

  1. Briefwechsel zwischen Anastasius Grûn und Ludwig August Frank (1845-1876). Herausgegeben von Dr Bruno von Frankl-Hochwart. Neue Ausgabe. Berlin, 1905. Herm. Ehbock, p. 52. Brief vom 9 déc. 1854.
  2. Naquit à Lovas-Bereny (en Hongrie), en 1795, mourut à Vienne, en 1858.