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disparu de votre horizon et Dieu sait si votre mémoire en a conservé la moindre trace !

Il me tarde cependant de faire revivre en vous ce souvenir fané, ne serait-ce que pour un quart d’heure. Ce quart d’heure, je l’usurpe de votre temps précieux et encore pour vous faire lire des choses bien ennuyeuses, bien triviales et, par-dessus le marché, écrites dans le style d’un Crishni !

Ad rem !


M. H. Heine, ce reptile venimeux, qui paraît vouloir s’amuser, pendant sa longue agonie, par des infamies qu’il adresse à des personnes qu’il honore de sa haine, m’en voue un sac tout plein dans son dernier ouvrage en trois volumes. Il n’est pas moins vrai que je me trouve en bonne compagnie, car ce livre, écrit par pure spéculation, repose à moitié sur le scandale.

Deux ou trois feuilles qu’il me dédie sont d’une trivialité qui ferait honneur à la poissarde la plus formidable. Pauvre Crishni ! il s’acharne même contre ton physique, en le trouvant tellement dégoûtant, qu’une punaise passerait pour la Vénus de Médicis vis-à-vis de toi ! Tout ce tas de louanges ne me fait aucune impression, quoiqu’elles soient parsemées de mensonges impudents. Mais un second passage anonyme paraît aussi s’adresser à moi, et ce passage est par trop perfide pour que je n’en fasse pas mention envers vous, madame, qui, malheureusement, s’y trouve[z] engagée.

Je vous le donne tel qu’il est en original, ainsi qu’en traduction littérale. Le suis-je, moi, cet insecte rampant qui s’est accroché à vous, se vantant d’une liaison intime ? En veut-il désigner un autre ? Je l’ignore — et qui serait capable de commenter les méchancetés d’un serpent, qui, dans sa position exceptionnelle, peut dire impunément tout le mal possible.

Mais s’il avait l’intention de me calomnier, moi, auprès de vous, madame, faut-il vous dire que je ne me suis jamais vanté d’un mensonge ? D’ailleurs, ma réputation d’honnête homme est tellement consolidée, que le public rejetterait avec indignation toute insinuation infâme, ainsi qu’il ne croirait jamais qu’un homme de mon caractère

    n’avons pas encore pu éclaircir la question. Qu’était-ce que cette chanson ? une vraie mélodie hindoue, une romance de Dessauer lui-même, sur quelque poésie traitant de l’Inde, ou bien simplement quelque farce musicale très en vogue à Nohant et dont en trouve des spécimens dans la correspondance Sand-Dessauer ? De ce même nom de Crishni l’appellent toujours dans leurs lettres les époux Viardot. Dans une lettre datée de 1843 de Vienne, où Mme Viardot et son mari revirent leur ami, ils écrivirent tous les trois quelques pages fort plaisantes à Mme Sand, qui se terminaient par une série de jeux de mots de Louis Viardot et de Crishni.