Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pendant les années suivantes de 1835 à 1839, George Sand vécut bien moins à Paris qu’à Nohant, à la Châtre, en Suisse, à Majorque, et quand elle se trouvait à Paris elle y était plus entourée de philosophes et de politiques que d’artistes. Mais lorsqu’en 1839 elle y vint s’installer, avec Chopin, — non seulement elle ne se souvint pas de quelque prétendu « dépit rentré » contre Delacroix, mais bien au contraire, lui gardant une profonde sympathie comme au confident de ses anciennes douleurs et comme à un vrai artiste qui la charmait par le culte sévère, passionné et désintéressé de son art, — elle renoua ses relations amicales avec le grand peintre — et elles restèrent toujours. « Amitié sans nuages », dit-elle à son propos dans l’Histoire de ma vie. Dans ses lettres, dans son journal, dans l’Hiver à Majorque George Sand parle de Delacroix constamment avec une profonde et inébranlable sympathie, en des termes qui témoignent de son admiration pour son talent, pour son dévouement à son œuvre, pour son exigence sévère envers lui-même et pour la haute idée qu’il se faisait de l’art. Nous citerons plus loin plusieurs passages de son journal et de sa Correspondance à ce propos ; nous nous bornerons à dire, dès à présent, que lorsqu’il s’agit de trouver un professeur qui dirigeât les études artistiques de Maurice, Mme Sand pensa d’emblée à Delacroix, que même dans ses œuvres de fiction, par exemple dans Horace[1], elle chanta sur tous les tons les louanges de l’atelier de Delacroix, de son école, de sa méthode et de sa personnalité, qu’elle se souvint de lui dans ses Souvenirs de Majorque[2] et que dans l’Histoire de ma vie, où elle parle souvent en deux ou trois lignes d’années entières de sa propre vie, elle consacra dix pages à Delacroix[3]. Enfin Mme Sand écrivit sous forme d’une Lettre à Théophile Silvestre, auteur d’une biographie de Delacroix, un chaleureux éloge du grand peintre[4]. Bref, du commencement

  1. Horace, chap. iii et iv, où l’auteur raconte l’histoire de Paul Arsène, dit le Masaccio.
  2. Hiver à Majorque, chap. iv.
  3. Histoire de ma vie, t IV, p. 242-252.
  4. Parut dans la collection : Histoire des artistes vivants, études d’après nature, par Théophile Sivestre, 2e livraison : Delacroix. Paris, Blanchard, 1856.