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irréprochable à cette inspiration, combien tout cela nous peint aussi le caractère de Chopin !

On travailla donc beaucoup à Nohant, cet été de 1839, les adultes et les enfants, mais Mme Sand dut bientôt se convaincre, comme du reste cela lui était déjà arrivé l’année précédente, qu’à elle seule elle ne viendrait pas à bout de l’éducation et de l’instruction de ses enfants. Ceci, d’autant plus que Solange, comme nous l’avons déjà dit, tout en se distinguant par une rare intelligence et de grandes capacités, désespérait sa mère par sa paresse et son entêtement. Cela fatiguait et chagrinait tellement Mme Sand qu’elle se sentait incapable de travailler, et pourtant il le fallait bien, surtout vu les dépenses toujours croissantes et les difficultés survenues dans la gestion de son domaine et de ses affaires pécuniaires. Elle écrit par exemple le 20 août à Mme Marliani[1] :

Nohant, 20 août 1839.

Chère amie, voici un mot de Chopin pour M. Pleyel, il est écrit depuis trois jours, et je n’ai pas eu la force de vous écrire trois lignes tant je suis accablée de travail et de souffrance. Mon ancien mal de foie ou du moins des douleurs dans le flanc (que j’appelle ainsi) sont revenues avec intensité. Si vous venez me voir, je vous conterai aussi tous mes désastres d’argent et vous verrez quelle vie de cheval je suis forcée de mener au grand détriment de ma santé… C’est alors que Mme Sand se décida à s’installer quand même à Paris, pour l’hiver, et à prendre des précepteurs pour ses enfants. Chopin devait aussi rentrer à Paris en automne parce que ses ressources consistaient surtout en leçons de musique qu’il donnait à une quantité d’élèves, tous plus ou moins bien nés. Or, il avait rompu le bail de son appartement précédent ; Mme Sand aussi n’avait pas de domicile constant à Paris, et lorsqu’elle y arrivait, en ces dernières années, elle descendait tantôt à l’hôtel, tantôt chez Mme Marliani[2], tantôt enfin chez Didier. C’est

  1. Inédite.
  2. V. par exemple la lettre inédite du 20 septembre 1839 à Mme Cazamajou.