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Maurice et Solange. Moi, je lis l’Encyclopédie et je prépare ma leçon du lendemain. Vous voyez, qu’après cela, à moins que je ne vous parle du progrès social et religieux depuis l’établissement du christianisme, de la vie de Cassiodore ou de Clément d’Alexandrie[1] et autres drôleries que vous connaissez beaucoup mieux que moi, je n’ai rien à vous dire qui vaille la peine d’être écrit…


Tous les amis berrichons de Mme Sand saluèrent avec enthousiasme la rentrée au bercail de leur amie : les Duvernet, les Fleury, Néraud, Papet, Planet, la famille Rollinat qui venait de perdre leur vieux père, et surtout François Rollinat en personne, qui réclamait, en ce moment, spécialement aide et soutien de la part de son amie Aurore (dite « Oreste »), grâce à une insipide accusation de quasi-filouterie portée contre lui par des gens qui voulaient le faire chanter[2]. La plupart de ces amis surent bientôt apprécier Chopin et lui vouèrent un attachement des plus respectueux. Notons, entre autres, que dès cette époque chacun des correspondants de Mme Sand : les membres de sa famille, comme ses amis intimes (les frères Rollinat, Hippolyte Chatiron, Fleury, Papet et Planet) ; les artistes (par exemple, Mme Pauline Viardot), comme les amis prolétaires (Gilland, Magu et Perdiguier) ; les philosophes, comme les politiques (Leroux, Louis Blanc, de Latouche) ; enfin tous les intimes de Nohant, comme aussi de simples connaissances, ne terminent jamais leurs lettres à Mme Sand autrement que par la phrase sacramentale : « J’embrasse Chopin, Maurice et Solange », ou bien : « Je salue Solange, Chopin et Maurice », ou encore : « Un baiser à Maurice, Solange et Chopin », etc. Il nous semble qu’il ne faut point de commentaires à ces simples et naïves fins de lettres, elles disent plus que tous les longs raisonnements de l’Histoire de ma vie que nous allons citer, et elles nous peignent avec des couleurs bien plus chaudes, vivantes et sympathiques

  1. Nous soulignons avec intention ces mots, qui se rapportent à un volume de l’Encyclopédie, fort significatifs et utiles à retenir pour la suite de notre travail.
  2. C’est à cet épisode tragi-comique et qui, certes, n’aboutit à rien, que se rapportent la lettre de George Sand du 23 mars (Corresp., t. II, p. 135) et les trois lettres inédites de Rollinat, l’une sans date, l’autre datée du 19 mars (le timbre postal porte le 17) et une troisième du 2 avril 1839.