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nos voyageurs arrivèrent à Nohant, où ils s’installèrent paisiblement pour tout l’été.

Mais, de retour de Majorque, George Sand s’aperçut en général qu’il lui fallait désormais une vie plus assise, ainsi qu’elle le déclarait déjà dans sa lettre à Mme Marliani du 20 mai, datée de Marseille[1] :

Je n’aime plus les voyages, ou plutôt je ne suis plus dans les conditions où je pouvais les aimer. Je ne suis plus garçon ; une famille est singulièrement peu concevable avec les déplacements fréquents…

Et encore deux mois plus tôt elle disait à cette même Mme Marliani dans la lettre inédite du 15 mars :

Au mois de mai, nous irons à Nohant, et en juin, vraisemblablement, à Paris, car je crois que c’est encore le pays où l’on peut vivre plus libre et plus caché. Plus je vais, et plus la vie retirée m’est nécessaire, l’éducation de mes enfants me tient clouée, mes travaux deviennent plus sérieux, ou au moins moins frivoles. Je voudrais m’établir à Paris…

À partir donc de cette année de 1839 et jusqu’en 1847, Mme Sand décida de passer régulièrement l’été à Nohant et l’hiver à Paris (sauf 1840, où elle n’alla point du tout à Nohant, ce qui sera dit plus loin) ; ses Wanderjahre, ses années de pèlerinage, prirent fin, et dorénavant elle mena une vie plus régulière et plus « assise ».

Il est probable que l’influence de Chopin fut pour beaucoup dans cette décision de Mme Sand, leur vie commune ayant pris à ce moment une tournure toute familiale, pleine de douce intimité et presque patriarcale.

« 19 juin 1839 » est tracé au crayon sur la paroi gauche de la croisée de la chambre de Mme Sand à Nohant.

La paroi droite porte aussi au crayon, l’élégie en prose anglaise The fading sun que nous avons donnée en Appendice au chapitre iv de l’édition russe de notre ouvrage. Cette « élégie en prose », que la jeune Aurore Dupin avait d’abord

  1. Corresp., p. 143.