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de Rome. La ville, grâce à son air ultra-épicier, lui plaisait peu, ainsi qu’à Chopin.

Pour peu que je mette le nez à la fenêtre sur la rue ou sur le port, je me sens devenir pain de sucre, caisse de savon ou paquet de chandelles, dit Mme Sand, à la fin de sa lettre du 22 avril à Mme Marliani[1]. Heureusement Chopin avec son piano conjure l’ennui et ramène la poésie au logis. Adieu encore, mignonne, je vous embrasse mille fois. Je vous aime. Chopin aussi

Ces lignes sont, comme de rigueur, omises dans la Correspondance imprimée, comme aussi le passage précédent (qui vient à la page 138 après les mots : « roman dans le goût de Buloz… la forme lui fera avaler le fond ») :

Je ne sais pas le numéro du docteur Gobert[2] et vous envoie une lettre pour lui. Répondez-moi ce que je dois faire avec Mme d’Agouti. Si je ne lui écris pas, elle vous accusera de m’avoir brouillée avec elle. Il ne faut pas qu’elle vous croie méchante. Nous ne le sommes pas, nous autres[3].

L’appartement occupé par les voyageurs n’était point confortable, non plus : les jours de mistral, il fallait s’entourer de paravents au milieu des chambres. Malgré tout cela le séjour de Marseille leur fut agréable. Il n’eut qu’un côté ennuyeux : il fut trop vite connu des habitants de Marseille, surtout des musiciens et des poètes de second ordre, et Chopin et Mme Sand furent assaillis de visiteurs. Ils durent bientôt faire tous leurs efforts pour se barricader contre les importuns, afin de pouvoir travailler. Le 15 mars, Mme Sand écrit à Mme Marliani dans une lettre inédite :

  1. Corresp., t. II, p. 138.
  2. Le docteur Gaubert aîné, grand penseur, ami de George Sand, de Leroux et de Mme Marliani. Il s’occupait beaucoup de phrénologie et d’études sur les phénomènes psycho-physiologiques, tels que les rêves, etc. George Sand lui consacra des pages émues dans l’Histoire de ma vie. Il est souvent question de lui dans les lettres de cette époque.
  3. Ces lignes se rapportent aux propos des personnes qui réussirent à complètement désunir les deux amies d’antan : George Sand et Mme d’Agoult, racontars et potins dans lesquels Mme Marliani elle-même paraît avoir joué un triste rôle, tout comme Leroux, l’abbé de Lamennais et autres. (Cf. le t. II de cet ouvrage, p. 370-371, et le tome présent, p g 14, et plus loin, p. 236-237.)