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leur distribuaient le capitaine et son aide. La cabine était inconfortable ; le capitaine, par surcroît de cruauté, exigea que le malade occupât la plus mauvaise couchette, prétendant qu’il faudrait la brûler après.

En arrivant à Barcelone, Chopin crachait le sang « à pleines cuvettes ». À peine entrée en rade de Barcelone, George Sand écrivit un billet au commandant de la station maritime française, lui narrant l’état alarmant de son compagnon de voyage. Le commandant du Méléagre se rendit immédiatement à bord du Mallorquin, témoigna, ainsi que le consul français, la plus vive sollicitude pour le malade et ses compagnons et les emmena dans son canot sur le vaisseau français où tout le monde les combla de soins et de prévenances.

Le 15 février, George Sand écrit à Mme Marliani :

Barcelone, 15 février 1839.
Ma bonne chérie,

Me voici à Barcelone. Dieu fasse que j’en sorte bientôt et que je ne remette jamais le pied en Espagne ! C’est un pays qui ne me convient sous aucun rapport et dont je vous dirai ma façon de penser quand nous en serons hors, comme dit La Fontaine… Lisez à Grzymala ce qui concerne Chopin et qu’il n’en parle pas, car avec les bonnes espérances que le médecin me donne, il est inutile d’alarmer sa famille. Dites que le temps me manque pour lui écrire une seule ligne…[1].

Le médecin du Méléagre sut au bout de peu de temps arrêter l’hémorragie, et dès que le malade se sentit un peu plus fort, on le transporta dans la voiture du consul à l’hôtel où nos voyageurs passèrent huit jours, et puis, à bord de ce même Phénicien qui les avait transportés en Espagne, ils prirent la route de Marseille. Arrivée à Marseille, Mme Sand s’adressa à son vieil ami le docteur Cauvières, qui prit immédiatement Chopin sous sa docte garde. Il trouva sa santé sérieusement compromise, mais, en le voyant reprendre des forces rapidement, il

  1. Inédite.