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que dans quelques jours elle repartirait. En effet, peu après, elle alla visiter avec Pagello les îles de l’Archipel Vénitien[1].

« Après le départ de Musset, raconte le docteur Pagello, Mme Sand se transféra à San-Fantino dans un petit logement, séparé par une salle des chambres que j’habitais ; mais au bout d’un mois, elle résolut de déménager pour s’établir près du Ponte di barcaroli dans une ruelle qui conduisait au pont, mais dont je ne me rappelle pas le nom… C’est dans cette maison que George Sand écrivit les Lettres d’un voyageur et le roman de Jacques. »

« Le soir venaient chez nous le peintre Félice Schiavoni, Lazzaro Rebizzo — un mien ami, Génois très cultivé, — le négociant David Weber, et enfin le gentilhomme Fallier. Ces derniers étaient d’ardents chasseurs, avec lesquels je faisais des parties de chasse. Parfois, George Sand se joignait à nous, errant le long des marais de l’Archipel… George Sand était peu connue à Venise comme écrivain et il lui fut très agréable de vivre loin des amateurs de littérature. » Pagello ajoute : « Ni elle ni moi n’avions aucun démêlé avec la police autrichienne », faisant sans doute allusion au fameux incident indécent raconté par George Sand dans l’Histoire de ma Vie. Dans le Corriere della sera, Pagello dit encore : « Lorsque Musset fut parti, George Sand s’établit dans deux petites chambres que j’avais louées pour elle, à sa demande, dans la maison où je demeurais moi-même, car, après payement des comptes de l’hôtel, il lui fallait vivre très économiquement. Elle vécut ainsi à côté de moi, qui avais toujours été économe et pauvre.

  1. « Plus tard, nous visitâmes les îles de l’Archipel Vénitien. » dit Pagello.