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vaillait comme les vrais artistes : partout et toujours, dans la joie comme dans la tristesse, qu’elle aimât ou qu’elle n’aimât point, au foyer comme en voyage. Écrire était pour elle une nécessité, elle ne pouvait vivre sans cela. Plus tard, elle se plaignit parfois de « son travail de forçat », et souvent elle se sentait vivement fatiguée, car son labeur était au-dessus de ses forces. Mais ceci était indispensable, car son travail était presque sa seule ressource. Nous savons, en effet, par son procès avec Dudevant, qu’il ne lui payait presque jamais exactement les misérables 1.500 francs assignés par leur contrat de mariage. Elle voulait, en outre, vivre de sa plume sans dépendre de son mari et sans faire de dettes. Il lui fallait travailler d’arrache-pied, rien que pour pouvoir, après avoir vécu six mois à Nohant, passer les six autres mois de l’année à Paris avec sa petite fille. Ce n’était qu’à condition d’un labeur sans relâche qu’elle échappait à la pauvreté et qu’elle n’avait pas à se refuser les plus modestes plaisirs. Son voyage en Italie entraîna de nouvelles dépenses assez considérables. Avant son départ, pour avoir quelques centaines de francs de plus en poche, elle emprunta une certaine somme à Buloz et à Sosthène de La Rochefoucauld, en promettant à Buloz de régler son compte en lui envoyant de la copie à mesure qu’elle écrirait en Italie. En effet, tout en passant ses journées, à Gènes ou à Florence en promenades, et en jouissant de la nature et des arts en compagnie de son bien-aimé, George Sand, le soir, se mettait à sa table de travail, écrivait par vocation et par nécessité, et rien ne pouvait la détourner de son œuvre ; écrire était pour elle une seconde nature.

Musset, lui, écrivait à bâtons rompus, passant parfois