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remplacé Pelletan dans ses fonctions de précepteur du jeune Maurice, passa tout l’hiver de 1837-1838 à Nohant.

Ainsi, c’était déjà pour la seconde fois qu’après la passion malfaisante et torturante d’un grand homme, George Sand espérait trouver le bonheur et le repos dans l’amour calme d’un simple mortel. Après Musset, Pagello, après Michel de Bourges, Mallefille. Certes, elle s’abusait encore une fois là-dessus ! Et peut-être est-ce à ce propos que nous revient bien souvent à l’esprit une charmante analogie que nous trouvons dans le Roudine de Tourguéniew :

« Roudine se mit à arpenter la chambre, puis tournant brusquement sur ses talons, il dit :

— « Avez-vous jamais remarqué que sur le chêne, cet arbre robuste, les vieilles feuilles ne tombent que lorsque les nouvelles commencent à pousser.

— « Oui, répliqua Nathalie lentement, je l’ai remarqué.

— « Il en est de même d’un vieil amour dans un cœur puissant. Cet amour est déjà mort, mais il tient encore et ce n’est qu’un autre, un nouvel amour qui peut l’extirper… »

Pendant l’hiver de 1837-1838, George Sand consacra presque tout son temps à ses enfants, s’occupant avec ardeur de leur instruction et espérant qu’il lui serait possible de remplir seule, ou bien avec le secours d’amis comme Mallefille, les fonctions de tous les professeurs et de faire faire à ses enfants toutes les études exigées par les programmes reçus.

Encore au printemps de 1837, le 16 avril, George Sand écrivait à Auguste Martineau-Deschenez :


« Eh bien, que devenez-vous, mademoiselle Benjamin ? M’aimez-vous ? Pensez-vous à moi ? Il me semble que vous