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à la lisière de la forêt. On passait les jours en promenades à cheval, à âne ; on faisait des chasses aux papillons. Et pendant la nuit, George Sand continuait son excessif labeur littéraire. C’est là qu’elle écrivit cette Lettre de Fontainebleau, dont un fragment est seul publié, et dont nous avons parlé au chapitre viii, et la Dernière Aldini. Nous avons dit dans le même chapitre quels souvenirs, unissant dans l’esprit de George Sand Venise à Fontainebleau, firent naître ce roman. Contentons-nous d’ajouter ici que d’après une rumeur qui a couru, et que nous ne pouvons ni rejeter ni affirmer, Mallefille aurait collaboré à cette œuvre.

Pendant que George Sand et son fils jouissaient du calme de la forêt et des beautés de la nature, travaillaient et herborisaient, M. Dudevant accomplit réellement un enlèvement ; il emmena de Nohant la petite Solange. Ayant en toute hâte confié Maurice aux soins de Mme Marliani[1], sans perdre une minute, George Sand se mit à faire des démarches, fit jouer le télégraphe[2], se procura des lettres de recommandation de la part des ministres, se munit des autorisations nécessaires, mit sur pied toutes ses connaissances et vola à Nérac. Grâce à l’aide du sous-préfet, le baron Hausmann, — plus tard préfet de la Seine, — et de l’administration locale, grâce surtout aux papiers dont elle s’était fort perspicacement munie, elle se présenta à Guillery flanquée des fonctionnaires de la justice et de la gendarmerie, et exigea que sa fille lui fût rendue[3].

  1. C’est ce que George Sand dit dans la Correspondance ; dans l’Histoire de ma Vie, elle dit avoir confié son fils à M. Louis Viardot.
  2. Correspondance, t. II, p. 90 : « Je cours à Paris. Je braque le télégraphe. J’invoque la police… », etc.
  3. Correspondance, t. II, p. 88-92. Histoire de ma Vie, t. IV, p. 419-422. Voir aussi à ce sujet les Mémoires du baron Haussmann, t. II, p. 129-136.