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que sa mère était gravement malade. Elle partit le jour même pour Paris, par Châteauroux, et arriva à temps : elle trouva sa mère encore en vie et put l’entourer de soins et de consolations pendant ses derniers jours. Quoique George Sand nous dise dans l’Histoire de ma Vie que ses rapports avec sa mère, durant les dernières années, avaient été meilleurs, les pages qu’elle consacre à sa maladie et à sa mort sont tièdes, on y sent une certaine contrainte, et dans les lettres de George Sand à des tiers, on voit souvent des phrases comme celles qui suivent :

« La pauvre chère femme a été si bonne et si tendre pour moi au moment de mourir, que sa perte m’a causé une douleur tout à fait excédant mes prévisions[1]… »

« … Le lendemain matin, je l’ai trouvée raide dans son lit et j’ai senti en embrassant son cadavre que ce qu’on dit de la force du sang et de la voix de la nature n’est pas un rêve, comme je l’avais souvent cru dans mes jours de mécontentements.

« Me voilà revenue à Fontainebleau, écrasée de fatigue et brisée d’un chagrin auquel je ne croyais pas, il y a deux mois. Vraiment le cœur est une mine inépuisable de souffrances[2]. »

On dirait, à en juger par ces phrases, que George Sand était elle-même comme étonnée du chagrin qu’elle éprouvait à l’occasion de cette mort, et cela ne fait qu’augmenter l’impression de froid et de gêne que nous causent les pages de l’Histoire de ma Vie, consacrées à cet événement. Évidemment, il n’était plus question de l’adoration romanesque que, dans son enfance, elle avait portée à sa mère,

  1. Correspondance, t. II, p. 89. Lettre à Duteil.
  2. Correspondance, p. 86. Lettre à la comtesse d’Agoult.