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tiquement indépendant de Fiamma et de ses idées démocratiquement républicaines. Lorsque le comte de Fougères était dans une fâcheuse situation et ne s’était pas encore enrichi en vendant de la cannelle et du suif, il avait épousé la noble héritière de la grande maison des Falier ou Faliero, de ces mêmes Falier dont l’un des ancêtres, le célèbre Marino, a payé de sa vie son ambition et sa trahison à la cause de la République. On comprend que la descendante des Falier souffre de son union avec un homme aussi prosaïque que Spazetta-Fougères. Et ce dernier n’invente rien de mieux, au bout d’un certain temps, que de faire de sa femme un objet d’opération commerciale avantageuse, c’est-à-dire de la vendre à un seigneur autrichien, le comte de Strabenbach (ou Stagenbracht, — dans la première édition). La comtesse est sauvée de cette ignominie par un généreux homme du peuple qu’elle suit dans les montagnes, qu’elle aime et de qui elle a plus tard une fille, Fiamma. Après la mort de la comtesse, Spazetta-Fougères consent à reconnaître Fiamma pour sa fille, mais — cela va sans dire — à la condition de la déshériter. On comprend dès lors que Fiamma — née, comme George Sand, de la fusion du sang plébéien et du sang noble — ne peut être qu’une Vénitienne rêvant au moyen de secouer le joug des Autrichiens, qu’une âme désirant la liberté pour tout le monde et surtout le triomphe des sublimes prolétaires sur les misérables aristocrates. Il est clair aussi qu’ayant les oreilles rebattues par les débats du procès d’avril et par les récits de Michel sur ses premiers pas au barreau, sur les roueries du métier, George Sand nous donne un compte rendu détaillé du début oratoire de Simon ; elle suit pas à pas sa première plaidoirie et raconte avec complaisance son triomphe. Elle n’oublie pas non plus de signaler que le