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de l’ordre religieux de Saint-François d’Assises, c’est-à-dire qu’il faisait partie des frères laïques, qui, tout en suivant leur vocation séculière et vivant dans le monde, acceptent néanmoins tous les devoirs et jouissent de tous les droits de l’ordre. Le biographe de Liszt voit avec raison une seule et même évolution ininterrompue, une progression toute logique dans l’enthousiasme de Liszt, en 1831, pour le Saint-Simonisme, dans son entrée chez les francs-maçons en 1841, et dans son adhésion en 1861 à l’œuvre de Saint-François. Tout cela est l’expression symbolique et tout à la fois la confirmation extérieure de ses idées et de ses sentiments chrétiens, qui dès son enfance se manifestèrent chez lui.

Cette pitié chrétienne se mariait en lui avec la même conviction profonde de la vocation divine de l’artiste, qui remplissait l’âme de Consuelo, et avec la croyance de la nécessité pour un véritable artiste d’élever constamment son moi humain, afin d’être un digne gardien du génie émané de Dieu et de ne pas le rabaisser. Quelles belles, quelles sublimes idées, et quel bonheur pour George Sand d’avoir rencontré sur son chemin, après les orageuses épreuves de sa vie personnelle, après les prédications négatives et désordonnées de Michel, un artiste qui adorait son art avec tant de conscience !

On dit ordinairement que les Sept Cordes de la Lyre ont été écrites sous l’influence des idées philosophiques de Pierre Leroux ; nous venons de donner une preuve irrécusable que cette œuvre fantastique est née d’une pensée de Michel jetée au hasard. Mais elle est, en même temps, éclose sous l’influence des idées philosophiques et artistiques de Liszt, de Pictet, de Nourrit, de Grzymala, de Chopin, c’est-à-dire qu’elle fut l’écho des tendances philosophico-musicales, qui flottaient dans l’air, à Genève, à