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porte plus que l’empreinte des idées du grand artiste qui, en l’été de 1837, avait soufflé à George Sand les pages citées plus haut sur l’explication de la musique par la parole, sur Hoffmann, les Sons du Midi et les Sons du Nord, etc. Ainsi, l’auteur y parle des insupportables cadences italiennes, des finale surannés et d’autres procédés passés de temps, auxquels Liszt faisait alors la guerre en pratique comme en théorie. Cette épître est comme une exposition, comme une paraphrase de l’article de Liszt lui-même sur les Huguenots[1].

N’est-il pas curieux aussi de noter que sur la première feuille du carnet donné par Liszt à George Sand à Genève, en 1836, et portant l’inscription « Fellow à Piffoël », on lit : « Le 2e volume de l’exposition de la doctrine de Saint-Simon. Il n’a été donné qu’en feuilles à une cinquantaine de membres de la famille. Au besoin, le faire copier… » On devine très aisément quel était celui qui tenait alors George Sand au courant des choses saint-simoniennes et qui la renseignaient sur la doctrine.

N’est-il pas intéressant à constater encore qu’en 1841, lorsque George Sand écrivait sa Consuelo — qui est comme la personnification en un seul type de Pauline Viardot, de Nourrit si plein de piété pour son art, de Liszt lui-même, et des idées des Saint-Simoniens sur la vocation de l’artiste, — et que cette héroïne de roman se faisait membre d’une loge de francs-maçons et y jouait un grand rôle, poussée par sa pitié ardente pour l’humanité et le désir de la servir de quelque manière que ce fût, que Liszt était à ce même moment devenu membre de la loge maçonnique de l’Union ?

Plus tard, en 1861, Liszt entrait chez les frères Tertiaires

  1. Sämmtliche Werke von Franz Liszt. H Band : « Ueber Meyerbeer’s Hugenotten ». S. 64.