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tible à l’instar de la si célèbre et si comiquement emphatique scène sur la tour du « Constructeur de Solness » de Ibsen (que l’on nous pardonne cette hérésie.)

Les lignes suivantes tirées d’un prétendu chant slave Les cœurs Résignés (?) de Gryzmala, servent d’épigraphe à cette œuvre fantastique :

« Eugène, souvenez-vous de ce jour de soleil où nous écoutions le fils de la Lyre, et où nous avions surpris les sept Esprits de la Lumière s’élançant dans une danse sacrée au chant des sept Esprits de l’Harmonie. Comme ils semblaient heureux ! »

Cette poésie prétendue nationale ressemble si peu à un chant national quelconque, que nous ne pouvons comprendre d’où Grzymala l’a tirée. Et si George Sand a cru y voir vraiment un chant slave, elle s’est fourvoyée elle-même ou a été mystifiée par l’écrivain qui ne se rendait pas assez compte de ce qu’est la poésie populaire ; ou peut-être encore a-t-il voulu mystifier ses bénévoles lecteurs à l’instar de Mérimée avec sa Guzla ; mais malheureusement il ne sut pas imiter le ton des chansons nationales. C’est aussi faux de ton que toute cette œuvre de George Sand est ennuyeuse. Il n’en est pourtant pas de même de toutes ses parties. Quelle belle scène, par exemple que celle de la rencontre des critiques ! Rien n’y est faux ni imité, et il suffirait de lire quelque article de critique, contemporain de George Sand, par exemple ce qui a été dit en 1838, dans la France musicale, par un certain cuistre musical, sur l’impromptu en la bémol majeur de Chopin, pour comprendre que cette scène est sortie d’un seul jet de la plume de George Sand. Elle se trouvait d’une part, sous l’impression de ce qu’un grand artiste, comme Chopin, se tenant à l’écart de toute polémique et de toute lutte, avait