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prodige, cela en est sûrement un !) — « Sa chevelure semble s’animer comme si un souffle magique la dégageait de ses liens brillants, pour la séparer sur son front et la répandre en flots d’or sur ses épaules de neige. Oui, voilà ses cheveux qui se roulent en anneaux libres et puissants comme ceux d’une jeune enfant qui court aux vents du matin. » — (C’est à faire enrager tous les coiffeurs !). — « Ils rayonnent, ils flamboient, ils ruissellent sur son beau corps comme une cascade embrasée des feux du soleil. Ô Hélène, que vous êtes belle ainsi ! Mais vous ne m’entendez pas !

Albertus. — Hanz, mon fils, ne la regarde pas trop. Il y a dans la vie humaine des mystères que nous n’avons pas encore abordés et que je ne soupçonnais pas, il y a un instant.

Hélène. — (Elle soutient la lyre d’une main et élève l’autre vers le ciel.) Voici ! le mystère s’accomplit. La vie est courte, mais elle est pleine ! L’homme n’a qu’un jour, mais ce jour est l’aurore de l’éternité ! (La lyre résonne magnifiquement.)

Hanz. — Ô muse, ô belle inspirée… »

Entrée en relation directe avec l’esprit de la lyre, Hélène passe des heures entières en improvisations exaltées ; elle comprend tout ce que l’esprit de la lyre lui dit, et la lyre résonne alors d’elle-même sans que la jeune fille y touche, mais les hommes n’entendent que les réponses d’Hélène aux paroles de l’esprit, ils entendent sa musique. (Quelle allégorie !) Albertus ne comprend ni ce qui se passe en Hélène, ni son langage, et, poussé par Méphistophélès, il brise d’abord les deux premières cordes de la lyre, les cordes d’or : celles de la foi et de la contemplation de l’infini. Il brise ensuite les deux cordes suivantes, les cordes d’argent : celles de l’espérance et de la contemplation du beau ! Peu