Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme vous savez. Nous vous retrouverons donc probablement à Naples, à moins que vous ne soyez tentée d’être des nôtres et de faire la révérence au Grand Turc.

« À propos de Grand Turc, j’ai écrit deux mots à ma mère relativement à Bonnaire et Buloz. C’est une naïveté fort pardonnable de sa part, sans doute, mais enfin c’est une naïveté, et de plus une démarche parfaitement inutile de toutes façons, comme vous le dites fort bien. Je vous remercie de m’en avoir averti et je regrette seulement que vous n’ayez pas dit de suite franchement, et brutalement au besoin, toute la vérité à ma bonne mère, fort peu au courant de ces sortes d’affaires. Après votre lettre de Chamounix tout autre brevet d’immortalité ne serait qu’un pléonasme fastidieux dans la Revue des Deux Mondes.

« Quand vous viendrez en Italie, c’est moi qui vous ferai l’hospitalité de pipes, attendu que j’en ai rapporté une quinzaine de vieilles déjà et que je compte bien doubler à Constantinople. Je fume modérément depuis quelque temps : cela contribue peut-être à me faire trouver vos vieux livres (qui sont les seuls que je puis me procurer ici) encore plus beaux.

« Si Leroux et Quinet se souviennent encore de mon nom, rappelez-moi affectueusement à eux. Je les ai peu vus l’un et l’autre à mon grand regret. Je serai très heureux de les retrouver à Paris.

« Bonsoir, mon cher George. — Voici une lettre toute gribouillée selon ma louable habitude, mais il est très tard et je souffre beaucoup de la tête.

« Aimez-moi toujours un peu, et ne doutez point de moi.

« À vous,
« F. L. »