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nous refusons donc à croire que George Sand, eût-elle plus tard haï Liszt — ce qui ne fut jamais le cas — eût été capables d’écrire cet article complètement en désaccord avec son caractère, son style, son grand cœur, ses larges idées, et ses sympathies pour les nationalités opprimées.

Tout au contraire, après la rupture de Liszt avec la comtesse, George Sand et lui se revirent plusieurs fois et échangèrent des lettres amicales, ce qui réfute pleinement l’assertion de Ramann « qu’il ne se revirent plus ».

Voici quelques lettres peu connues de George Sand[1] et quelques lettres inédites de Liszt, écrites entre 1838 et 1844, qu’il est très curieux de lire les unes après les autres.

Voici d’abord une lettre de Liszt qui, à en juger par le papier et l’encre, doit avoir été envoyée à George Sand avec elle de la comtesse d’Agoult, datée du 4 mai 1838, peu après leur installation en Italie :

« Je ne sais pourquoi, mon bon George, nous sommes restés si longtemps sans nous écrire. Il n’y a pourtant guère (et il ne peut y avoir) de solution de continuité dans notre amitié. J’imagine même que les années s’amassant la rendront de plus en plus ferme et plus douce. Peut-être aussi le temps viendra-t-il enfin où je pourrai quelque chose pour vous, ainsi que je vous le disais dans ma naïve exaltation de vingt ans. En attendant, laissez-moi toujours vous aimer à ma manière, et penser et rêver silencieusement à vous, ma pauvre amie !

« La princesse vous a parlé sans doute de nos projets pour l’automne et l’hiver prochain. C’est chose tout à fait décidée que notre voyage à Constantinople ; je le désire beaucoup pour ma part, et la princesse ne demande pas mieux

  1. Ces lettres de George Sand ont été publiées par Mme La Mara dans son volume : « Briefe hervorragender Zeitgenossen an Franz Liszt. »