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chez M. et Mme de Girardin, mais continuèrent à se tenir à distance.

Nous regardons comme dépourvue de tout fondement l’assertion du marquis de Custine, désignant George Sand comme auteur de l’article paru dans la Revue des Deux Mondes, le 15 novembre 1840, sous le titre : Réplique à M. Liszt, servant de réponse à la Lettre de ce dernier parue dans le même journal et dans laquelle il réfutait les railleries de mauvais goût qu’un journaliste fit sur le sabre d’honneur, offert à Liszt, en janvier 1840, au nom de la nation hongroise. Nous ne croyons pas, disons-nous, que cette Réplique à Liszt soit due à la plume de George Sand ; nous ne pouvons l’admettre à aucun titre. La réponse de Liszt au persiflage du journaliste inconnu — qui demandait ironiquement à quoi pouvait servir le baudrier dont on l’avait si pompeusement ceint, à un musicien qui allait certainement se vanter de cet hommage, vraiment grandiose, et trop au-dessus des services qu’il avait pu rendre à sa patrie, « vu qu’il passait sa vie loin de la Hongrie », et que l’on ne pouvait pas mettre Liszt sur le même pied que les fils vraiment glorieux de ce pays, — cette réponse de Liszt, disons-nous, est vraiment sublime, pleine de calme, de dignité, et de la modestie d’un grand artiste conscient de son talent et de ses devoirs. Liszt y disait que ce n’était pas une récompense ni un cadeau, mais comme le memento de sa grande patrie, disant à l’un de ses enfants : « Sois digne de moi. » La Réplique à cette réponse, réplique attribuée à George Sand, est au contraire écrite par quelqu’un qui ne comprend rien aux grandes choses, qui s’en moque, fait de l’esprit, et s’efforce d’avilir et de rabaisser les sentiments et les convictions du grand artiste, qui ne prêtaient pourtant nullement à la moquerie. Nous