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Mme Hanska, qui devint plus tard Mme de Balzac, publiées récemment, se trouve le récit fort intéressant du séjour de Balzac à Nohant en 1838 et des détails curieux sur George Sand. Notons en passant que le costume dans lequel, en arrivant, il trouva George Sand, est en tous points semblable à la toilette singulièrement curieuse, qui fit pousser des cris d’incrédulité à tant de lecteurs, dans laquelle apparaît Camille Maupin (c’est-à-dire Mlle des Touches) dans Béatrix. Ce n’est pas non plus sans malice que la comtesse d’Agoult est baptisée par Balzac du nom de « Béatrix », allusion mordante à son désir d’être, pour Liszt, ce que la Béatrice fut pour le Dante, rôle qui la préoccupait sans cesse et qui fit qu’une fois le grand pianiste répondit à une de ses sentences doctorales : « Bah Dante ! Bah Béatrix ! Ce sont les Dantes qui créent les Béatrices ; les vrais Béatrices meurent à dix-huit ans. »

Ainsi donc, au commencement de 1838, les relations entre George Sand et la comtesse d’Agoult s’étaient déjà sensiblement refroidies et à l’époque du voyage de George Sand à Majorque elles tournèrent au zéro, ce qu’il faut attribuer surtout à la circonstance que la vaniteuse comtesse, habituée aux triomphes et à l’admiration générale, ne pouvait pardonner à George Sand la victoire remportée sur Chopin. La jalousie rentrée de la comtesse (et cependant qui pouvait-elle envier, elle, la compagne d’un autre homme de génie ?) l’amenèrent à des piqûres et même à de mesquines cruautés. Puis, les potins de commères et d’amis indiscrets vinrent se mêler à l’affaire. Lamennais dit des mots blessants, qui furent rapportés. Mme Marliani voulut réparer les torts et les augmenta. Voici une lettre assez énigmatique de Liszt qui s’y rapporte :

« Cher George, mon prince vous est antipathique et l’ex-