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son rude labeur d’écrivain au lever du soleil, laissait sur sa table de travail pour le petit Maurice avant d’aller se coucher, redevenant ainsi une tendre mère et une maîtresse de maison soucieuse du bien-être de son petit monde. Voici un de ces billets :

« Bon monsieur Piffoël, éveille-moi en même temps que Solange, et ensuite tu me réveilleras à midi et demi, à moins que le docteur ne vienne plus tôt ou quelque visite dans le genre de celle de ce matin, où tu as montré un si bon nez.

« Fais manger à Solange la viande qui est sur l’assiette et fais ton petit déjeuner maigre et bois de la tisane. Dormez bien, toi et ton chat. »

« 5 heures du matin. »

Mais, comme le fait remarquer Ramann, « on ne se contentait pas à Nohant de lire, de se promener, de faire de la musique, de rêver et de travailler, on y savait aussi badiner et rire ». Tantôt on y arrangeait des représentations et des charades improvisées, tantôt on se travestissait, ou bien, comme dans le bon vieux temps, George Sand s’amusait avec tous ses amis à mystifier quelqu’un. Nous avons déjà raconté comment, à l’aide de sa femme de chambre, on avait mystifié un avocat importun qui voulait interviewer l’illustre écrivain. Souvent la victime de ces mystifications était Gévaudan, et plus souvent encore Eugène Pelletan, Ces plaisanteries avaient même parfois une tournure assez baroque. En général, Pelletan, à ce qu’il paraît, n’eut pas de chance à Nohant. On ne sait pas au juste s’il avait parfois manqué de tact ou si une influence étrangère avait prévenu George Sand contre lui, toujours est-il qu’après les premières lettres fort gracieuses qu’elle lui écrivit au