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nombre qui aurait toujours joué un grand rôle si fatal dans la vie de Chopin et surtout dans l’histoire de ses relations avec George Sand. « Celui qui termine le chiffre de 1837 quand ils se sont connus, et 1847 quand ils se sont quittés. »

Hélas, dans son livre, Niecks réfute, avec une froideur blessant les cœurs sensibles, les inventions poétiques de MM. L. Enault, Karasowski, Adolphe Gutmann, Franc-homme, von Flotow, Wodzinski, Mme Audley et tutti quanti qui ont, après eux, répété la fable. Niecks dit d’une manière absolument précise et catégorique qu’un jour, à Weimar, il avait prié Liszt de lui dire comment George Sand avait fait la connaissance de Chopin ; et que Liszt lui avait répondu que personne mieux que lui ne saurait là-dessus donner des renseignements exacts, puisque c’était lui qui les avait mis en présence l’un de l’autre ; que George Sand lui avait demandé d’amener Chopin chez elle, mais que celui-ci, qui n’aimait pas les « bas bleus », avait refusé, en prétextant qu’il ne savait pas leur parler ; que cependant, un beau matin, trouvant Chopin de bonne humeur et celui-ci l’ayant invité à venir faire de la musique chez lui, Liszt profita de l’occasion, et amena le soir George Sand avec Mme d’Agoult chez Chopin. La petite soirée intime réussit si bien qu’elle fut bientôt suivie d’autres. Chopin était devenu un habitué du petit salon de l’Hôtel de France et rendit aussi visite à George Sand. Liszt a raconté la même chose, et presque dans les mêmes termes dans son livre sur Chopin (p. 82-94[1]).

  1. F. Chopin, par Liszt, Paris, Escudier, 1852, — édition très rare qui ne se trouve plus en vente. Les éditions suivantes diffèrent considérablement de la première. Ce livre, premier tome des œuvres complètes de Liszt, a été traduit par La Mara. Voir : Sämmtliche Schriften von Franz Liszt. Erster Band. Friedrich Chopin, frei ins deutsche übertragen von La Mara, Leipzig, Breitkopf und Härtel, 1880.)