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Le lecteur verra plus loin que la première de ces assertions est inexacte. Bien que Liszt n’ait jamais écrit de romance ni de chanson sur les paroles de George Sand, il a cependant nourri plus tard le projet de faire un opéra de Consuélo et, comme nous l’avons dit ailleurs, plusieurs programmes de ses Poèmes symphoniques sont des pages périphrasées de George Sand.

Quant à la seconde moitié de la phrase de Lina Ramann, elle est à nos yeux importante et significative comme témoignage venant d’un grand musicien, de la nature musicale de George Sand. Ce témoignage est d’autant plus précieux pour nous que le biographe de Chopin, Frédéric Niecks, n’émettant du reste que ses propres opinions et non celles de Chopin, nie chez George Sand le don musical et celui de la critique musicale, se basant sur deux preuves qui, selon nous, attestent précisément le contraire de ce qu’il avance. Comme nous reviendrons plus loin sur cette question, nous nous permettons de nous fier à l’opinion de Liszt qui, nous semble-t-il, est assez bon juge en cette matière, et de répéter avec lui que George Sand était éminemment musicienne et s’entendait parfaitement en cet art. Sa compréhension profonde de la musique procurait à Liszt des moments de cette satisfaction intime éprouvée par tout artiste quand il a devant lui un auditeur qui vibre à l’unisson avec lui. Ce talent de George Sand à comprendre le langage divin des sons devait exercer une grande attraction sur Liszt, outre la conformité de leurs autres idées, leurs goûts et leurs convictions.

Au mois d’octobre, George Sand quitta Genève ; Liszt et la comtesse d’Agoult y restèrent jusqu’à la fin de l’automne, mais il fut convenu qu’on se retrouverait à Paris et qu’on y demeurerait ensemble.