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Emmanuel, Mercier et notre Benjamin[1] »…, par la promesse d’écrire la prochaine fois à Meyerbeer (la Lettre suivante lui est bien adressée) et par l’annonce du prochain départ de l’auteur pour Genève[2].

En effet, après avoir fait leurs adieux à Pictet, George Sand, la comtesse d’Agoult et Liszt se rendirent à Genève où ils s’installèrent dans un hôtel situé au bord du Léman et où George Sand occupa avec ses enfants la mansarde, qui l’attendait depuis l’année dernière déjà.

« C’est alors, dit encore Mme Lina Ramann, que s’écoulèrent quelques jours de délices artistiques et de plaisirs intellectuels, ce fut le moment où bien souvent les mains de Liszt, dociles aux suggestions de son génie, erraient sur le clavier aux touches de nacre. Et George Sand pendant ce temps s’asseyait près du feu, en écoutant attentivement, ou bien le regard de ses yeux calmes se tournaient vers le magnifique paysage qu’on voyait par la fenêtre, tandis que, sous l’impression de la musique elle rêvait et transformait toutes ces harmonies en visions poétiques[3]. »

À cette époque à peu près, Liszt composa son Rondo fantastique, sur une chanson espagnole de Manuel Garcia, El Contrabandista, qui dut en grande partie son succès à la brillante exécution de ce morceau par Mme Malibran, la célèbre fille de Garcia. D’après George Sand, cette « grande artiste y puisait, avec tant de force, les souvenirs de l’enfance et les émotions de la patrie, que son attendrissement l’empêcha plus d’une fois d’aller jusqu’au bout ; un jour même elle s’évanouit après l’avoir achevé »…

  1. M. Auguste Martineau-Deschenez. Voir plus loin, p. 347.
  2. Dans les éditions postérieures cette fin de lettre est tronquée.
  3. Lina Ramann : « Franz Liszt als Künstler und Mensch. (Leipsi Breitkopf und Härtel. 1880-1887.)